« Malabar princess » est le nom d’un avion d’Air India qui s’est crashé au sommet du Mont Blanc dans les années 50. Une tragédie devenue légende pour les habitants du coin, où le glacier relâche aujourd’hui des morceaux du super constellation. En pension complète chez son grand-père campagnard (Villeret en clone de son partenaire Jean Carmet dans la Soupe aux choux), Tom, huit ans, qui a perdu sa mère dans le glacier, tente de la retrouver.
Après les fours publics des expérimentations Blueberry et RRRrrrr !!!, Gilles Legrand en revient aux vieux trucs des pubs Herta pour rebooster le cinéma populaire français : la campagne, des enfants, des cabanes et des choses simples. Simples, mais non dénué d’ambition. Conte sociologique sur le deuil, vulgarisation de la psychologie chez l’enfant (avec Villeret en Françoise Dolto), humour provincial co-financé par France 3 Rhône Alpes, Malabar princess aurait pu se contenter d’exister en tant que banal téléfilm familial. Même le casting s’y prêtait : Villeret, Brasseur, Michèle Laroque et Damien Jouillerot, le petit joufflu vu et revu chez Jugnot, Jean Becker et Delarue. Sauf que là, non. Gilles Legrand est producteur de cinéma, il veut passer à la mise en scène, et cela nécessairement sur grand écran.
Alors il se paie Yves Angelo, chef op réputé et accessoirement réalisateur, qui lui lèche de magnifiques images en scope (impressionnante scène d’ouverture). Un parti-pris qui fait figure de sinistre façade cinématographique, tant il ne justifie rien d’autre que le rase-mottes absolu du film. Les gags enfantins qu’on devine écrits sur le mode burlesque et énergique se diluent totalement en un amas de scènes montées n’importe comment, entretenant l’ensemble dans une schizophrénie consternante. D’un coté, le point de vue féerique de Tom, de l’autre une publicité franchouillarde méprisante (le vol du train, le design Amélie Poulain du chalet), au milieu une chronique rurale forte type Vieil homme et l’enfant. Au final, un film rance, informe, plutôt désagréable, en roue libre. Un crash total, qui n’a rien de mythique.