Depuis qu’elle s’est entichée du tout-numérique, l’animation japonaise s’est découverte un penchant pour l’ultra-formalisme. Une recherche constante de la belle image, de l’atmosphère qui tue, de l’animation léchée… De quoi faire taire définitivement les dernières accusations persistantes de laideur et d’amateurisme technique. Le problème de ces anime next-gen, c’est qu’ils ont un peu tendance à ressasser les mêmes gimmicks graphiques, et qu’ils récupèrent en esthétique ce qu’ils ont tendance à perdre peu à peu en force narrative. Wolf’s rain, série des excellent studio BONES (Angelic layers, le film Cowboy bebop, RahXephon…), illustre parfaitement ce déséquilibre entre formalisme et narration. C’est un anime magnifique, porté par une histoire aussi originale qu’improbable : dans un futur passablement décrépi, une bande de jeunes loups, capables de prendre forme humaine pour tromper leurs prédateurs, s’exilent pour retrouver leur Paradis perdu. Un scénario étrange, et intrigant, qui sert, hélas, principalement de prétexte pour monter un petit catalogue illustré des clichés de la japanim’ récente. D’où cette impression constante de déjà-vu lorsqu’on visionne la série de BONES : les loups de Wolf’s rain rappellent ceux de Princesse Mononoke, le méchant de service semble désigné par Yoshitaka Amano, le personnage de Cheza doit sans doute beaucoup à la Rei d’Evangelion… Sans parler des scènes contemplatives à la Oshii, des clins d’oeil westerniens à la Cowboy bebop, un peu de post-apocalyptique à la Vampire hunter D, de street-wear Shibuya à la Yoshitoshi ABe, etc. Wolf’s rain ressemble à une magnifique auberge espagnole du bon goût nippon, un peu désincarnée, belle et lancinante, qui a un peu de mal à imposer ses protagonistes et son univers chaotique. Au bout de 5-6 épisodes, la série trouve tout de même son rythme et sa propre identité, en embrassant une SF roccoco et bucolique, à la limite de l’imagerie shôjo (jeunes filles en fleur et dorures futuristes). Il reste une vingtaine d’épisodes à Wolf’s rain pour prendre un véritable élan et laisser de côté l’extase esthétique un peu facile au profit d’une véritable mécanique de série. De quoi rester confiant.
Niveau DVD, rien de bien terrassant. Beez assure le minimum, avec quelques bonus maigrelets : fiches de personnages, génériques sans crédits, et des teasers non sous-titrés. L’image n’est pas exempte de petits défauts de compression, mais reste globalement très correcte. L’éditeur s’en tire mieux côté son, avec un Dolby Stéréo qui restitue de manière très dynamique les ambiances sonores (et plus particulièrement les excellentes musiques « world » de Yoko Kanno).