Plat comme son titre, pas plus épais que le jeu de ses comédiens, L’Amour aux trousses crapahute sur la morne plaine de la comédie sympatoche à la française. Son peu d’effervescence, son insignifiance suprême se mesurent sur le fil tendu par son scénario, d’où il part et où il arrive. En l’occurrence il part d’une situation basique qui, énoncée ainsi promet de toutes ses torsions possibles : où, quand et comment (voire pourquoi, la question se pose au fond) dire à son meilleur ami et partenaire professionnel qu’on couche avec sa femme ? Et arrive, bon gré mal gré, à taire les mots du pays où il s’est porté -ménage à trois, futur bébé à deux papas, polyandrie- pour barboter plus gaiement là où son petit vent tiède le dépose : suspension dans l’indécision, compromis sans joie, bégaiements toujours recommencés de la déclaration solennelle.
Les deux bonshommes sont flics : Jean Dujardin et Pascal Elbé, faiblement splendides de banalité, inspecteurs un peu Labavure, nuls un flingue à la main, français. La fille, c’est la grande actrice italienne Caterina Murino, consacrée par L’Enquête corse. Le film, une petite entreprise destinée à ramollir plutôt que muscler l’enjeu initial de son scénario. Des feux de détresse de la question posée, il la met très vite en veilleuse. Et s’endort dans la crêpe qu’il cuit à feu doux : platitude absolue du filmage, rythme ratatouille, charisme digne d’un bolino froid. On dirait que seule importe la volonté de demeurer en mode vapeur, peut-être parce que la comédie sentimentale n’a droit qu’à peu d’égards, qu’elle est le lieu excellent de la paresse et du passe-partout. C’est une manière de voir, ce n’est sûrement pas la nôtre, nous qui ne désespérons pas tout à fait de trouver des comédies françaises un peu remuées, un peu remuantes, ce que cet Amour aux trousses n’est jamais, ni même un tantinet ridicule ou teubé. A peine oserait-on reprocher au film son manque d’ambition, mais manque signifie peu, et là pas du tout, juste rien, zéro, ventre mou qui n’a rien dans le ventre. Ventre mou, autrement dit film bide. S’il le souhaite, le box office confirmera ou non qu’il en est un, mais d’ici là on l’aura oublié.