Rares sont les occasions de pouvoir assister à la naissance et aux premiers pas d’un groupe dont on sait, dont on sent qu’il possède ce « quelque chose » de plus, de différent, qui va nous accompagner longtemps et nous faire grandir à ses côtés.
Half Asleep, c’est Valérie Leclercq, même pas 20 ans, et Oriane, sa soeur, 16 ans à peine, deux demoiselles belges qui en sont déjà à leur second recueil de chansons. Palms & plums, paru l’an passé chez Another Record, était venu confirmer l’impression laissée par leur premier concert au Pop In, haut lieu parisien de l’acoustic sorrow. On pourrait mettre hâtivement sur le compte de la sympathie et de leur jeunesse l’audience grandissante dont bénéficie Half Asleep. S’il est nécessaire d’invoquer quelques figures tutélaires possibles -Cat Power, Nico, Will Oldham, Devendra Banhart- pour donner une idée de leur musique, il faut également dire qu’on est bien loin de tout rapport à la référence, d’une simple imitation de modèles. Valérie Leclercq apparaît déjà comme une écrivaine de chansons de premier ordre, avec des titres géniaux (The Twilight was probably right, I do know someone that suffers from The lack of tea), ainsi qu’un talent évident pour les arrangements –less is more, tout s’articule autour de la guitare et du piano, avec une chaleur et une proximité précieuses. On espérerait presque qu’une personne de la trempe de Joe Boyd, producteur de Nick Drake, Vashti Bunyan et de The Incredible String Band, croise ce chemin déjà si bien tracé.
Et il y a cette voix, la voix de Valérie, la voix d’une femme, de toutes les femmes qui ont chanté et sublimé la mélancolie avec pudeur et force, voix toute en retenue qui dépose l’offrande de sa présence au monde, simplement bouleversante. Savourons cette chance inouïe de voir s’épanouir la musique d’Half Asleep. Une très belle aventure commence…