A en juger par la prolifération des films sur la femme et sa condition sociale, l’Espagne fête les « muchachas » . Après Almodovar et « su madre », voici qu’une jeune réalisatrice tente de nous faire partager le quotidien d’une mère célibataire et quadragénaire avec un premier film : Mon nom est Sara.
L’intrigue pèse un âne mort et débute sur un anniversaire, celui de Sara (Elvira Minguez), l’héroïne. Fabuleuse occasion de situer immédiatement tous les personnages et leurs profils psychologiques en une scène longuissime où même la plante verte aura sa minute de gloire ! Son nom est donc Sara, elle est professeur d’anglais, féministe et, oh ! surprise, fait étudier Jane Austen à ses potaches. Virginia (encore un cliché destiné à rappeler l’engagement maternel), sa fille de 17 ans, est en pleine crise d’ado, super chiante, super calée sur l’utilisation du préservatif et harcelée au téléphone par un camarade de classe. Ses bonnes vieilles copines sont : alcoolique, dépressive, frigide, homo, avocate, etc. Son Jules est une grosse chose toute molle et prude. Forcément, tout ça, Sara, ça l’énerve et elle réagit : elle prend un jeune amant, se crêpe le chignon avec sa fille, porte plainte contre le jeune pervers, retire sa plainte, enterre son père, envoie sa fille en Suisse, se prend pour Girl 6, plante son « mari » et son amant, récupère sa fille, la sauve des griffes du violeur et c’est de nouveau son anniversaire !
Ce qui aurait pu être une réflexion intéressante et grinçante sur l’évolution des mentalités au pays des matadors machistes tourne vite au vinaigre et aux lieux communs ultra réchauffés. C’est d’autant plus dommage que certaines scènes et dialogues sont très réussis et servis par de bons acteurs. Ainsi, les relations mère-fille (à une époque où certains tabous comme la sexualité et la mort sont intimement liés) auraient mérité d’être approfondies, de même que l’importance du rapport sexualité/âge dans nos sociétés. Dolorès Payàs loupe le coche et se perd, passant du drame à la comédie, de l’émotion à la revendication, sans passion ni cohérence. Mon nom est Sara ressemble en définitive à un carnet de doléances rassemblées en vrac et sans but réel.