Premier long métrage de l’auteur, Long way home est plutôt une bonne surprise. Le film suit les tribulations familiales de Victor, un adolescent portoricain pris en étau entre sa grand-mère, son jeune frère et sa petite amie, cela dans la moiteur d’un chaud été new-yorkais, entre piscine surpeuplée et appartement exigu. Chronique adolescente donc, où se mélange une appétence naturaliste pour les corps, le grain de la peau, les sécrétions corporelles que Sollett capte de sa caméra sensuelle, et une attirance pour la comédie pittoresque où s’affrontent des personnages hauts en couleurs. La grand-mère notamment, dont la logorrhée verbale (qui assomme son petit-fils d’incessants reproches) est une mécanique incroyablement vivace, autoritaire, tout en drainant, au fond, une énorme demande d’amour. Chacun cherche à imposer son ego (c’est le principe, par exemple, des comédies de Pagnol) et cet acharnement fait la tonicité de Long way home.
Mine de rien, sur le ton léger de la comédie, Peter Sollett montre simultanément la famille comme le lieu d’une pression coercitive exercée sur qui cherche à vivre ses désirs, se transforme à la faveur d’une période importante de sa vie (la puberté), et comme le lieu où l’amour, l’affection peuvent s’épanouir. L’impossibilité pour Victor d’avoir la moindre intimité dans cet appartement trop étroit, son incapacité à prouver à sa grand-mère qu’il n’est pas un mauvais garçon, rencontre sans cesse la découverte de la sexualité, l’apprentissage d’une relation à deux et le décryptage des sentiments. Dans cet incessant va-et-vient, le film trouve son équilibre singulier, la comédie attirant à elle tout le spleen adolescent, les frustrations du personnage pour garder le cap de la légèreté, l’incarnation sensualiste des corps épurant quant à elle le pittoresque de sa dimension volontiers caricaturale et clichée. Autant dire que Long way home trouve sans cesse la note juste, encore un peu fragile et néanmoins originale.