Alors qu’on aurait aimé s’éloigner des magazines people qui consacrent déjà leur couverture à la « révélation Laura Smet », force est de constater que la présence de la fille de Johnny Hallyday et Nathalie Baye demeure in fine la seule attraction de ces Corps impatients. Pas qu’elle s’y révèle particulièrement brillante, mais juste pour sa ressemblance frappante avec ses géniteurs ; un plan Nathalie Baye, un plan Johnny. De quoi satisfaire la curiosité des amateurs de tabloïds. Pour le reste, Les Corps impatients ressemble à une quasi caricature de « premier film français » avec son ambiance de sinistrose en chambre de bonne, son mélodrame en hôpital et, forcément, sa passion amoureuse compliquée. A 20 ans, Charlotte et Paul vivent une jolie histoire d’amour mais tout bascule lorsque la jeune fille apprend qu’elle est atteinte d’un cancer. Mis à rude épreuve, leur couple devra résister aux atteintes physiques et morales de la maladie (la défiguration progressive de Charlotte) mais aussi à la tentation avec l’arrivée de la jolie Ninon, échappatoire possible pour Paul. Récit d’un triangle amoureux torturé, Les Corps impatients aurait pu donner lieu à une envolée passionnée et romantique sans les pesants détours du cinéaste vers la case hôpital.
A l’image d’une Laura Smet qui exhibe son crâne rasé tout du long comme s’il fallait enlaidir son joli minois pour faire ses preuves et s’échapper du statut de « fille de », Xavier Giannoli s’appesantit sur les manifestations de la maladie de manière presque malsaine : séance de piqûre dans le dos à laquelle il faut s’y reprendre deux fois, inévitable scanner, multiples examens médicaux, etc. Des séquences plutôt pénibles, pas vraiment bien filmées, au cours desquelles le cinéaste aura sans doute voulu montrer assez naïvement la lourdeur du cancer et son poids grandissant dans la vie du couple. D’une manière toute aussi naïve, la présence de Ninon, avec ses formes affolantes, est censée représentée la vie a contrario du corps malade de Charlotte. Bardé de bonnes intentions, Les Corps impatients tente de capter les émois de ses jeunes héros, confrontés à une situation sentimentale paroxystique. Hélas, les évidences du scénario et le manque flagrant de regard de la part de Xavier Giannoli laissent quelque peu de marbre et ce malgré l’implication émouvante de ses interprètes.