Le Coeur des hommes est le portrait croisé de quatre copains (avec des « noms de copains » : Manu, Jeff, Alex et Antoine) au tournant de leur vie d’adulte. Installés dans la vie professionnelle -Jeff et Alex ont monté un petit groupe de presse sportive, Antoine est prof de gym, Manu traiteur-, ils sont confrontés à une instabilité sentimentale qui les oblige, chacun à leur manière, à faire de nouveaux choix de vie.
Le premier film de Marc Esposito (ancien journaliste et rédac’ chef du magazine Studio) s’inscrit dans la lignées des films de « bande » -citant Yves Robert et Claude Sautet pour la génération d’avant. Possible qu’il manque aujourd’hui des auteurs s’intéressant aux sentiments, aux modes de vies, sous l’angle générationnel, désireux de se confronter à la comédie de moeurs, genre qui a perdu sa place dominante dans le cinéma français. Marc Esposito s’y est essayé avec entrain et bonne volonté. Le meilleur du Coeur des hommes réside dans un effort de lucidité, pour rester au fond assez proche de la réalité de la vie, tout en gardant une construction serrée. Tout se joue sur la complémentarité des personnages et de leur destin : Darmon, divorcé de longue date, s’éprend d’une jeunette, tandis que Marc Lavoine persiste à tromper sa femme et que Campan découvre l’infidélité de la sienne. Daroussin, quant à lui, se remet de la mort de son père en collectionnant des conquêtes inattendues.
Malgré les efforts et les calculs du scénario, cette chronique masculine ne parvient pas à nous faire oublier ses maladresses, sa courte vue : il y a dans le Coeur des hommes une sensibilité et un imaginaire banals, un comique sans risque, des sentiments sans émotion ni mystère. Ces quatre hétéros moyens, pour n’être pas sans nuances, restent gentiment beauf et bas de plafond. Dans un premier degré ambiant, les acteurs se prêtent au jeu sans trop se poser de questions : avec aussi peu de recul que le metteur en scène, ils jouent ces quadras d’aujourd’hui qui leur ressemblent trop, continuellement plongés dans des situations stériles qui les diminuent.