Malgré l’investissement sentimental de Samantha Lang dans ce projet né d’un coup de foudre pour le livre de Michelle Tourneur, A l’heure dite, L’Idole fait partie de ces films ovni dont on se demande bien la raison d’être si ce n’est celle, personnelle et exclusive, de faire plaisir à leur créateur. Garanti par le label cinéma d’auteur -la réalisatrice ayant déjà derrière elle deux longs métrages dont l’un, Le Puit, présenté à Cannes-, L’Idole souffre des principaux défauts qui plombent les co-productions internationales : affectation et pose auteuriste y sont poussées à l’extrême. Non contente de rendre l’histoire de Michelle Tourneur encore plus abstraite qu’à l’origine, Samantha Lang finit par ridiculiser la matière même dont elle s’inspire. L’Idole raconte en effet l’étrange relation qui unit un vieux Chinois à une Américaine exilée à Paris. Fasciné par la beauté de la jeune femme, le vieillard reprend goût à la vie et se contente de participer platoniquement à la vie de cette dernière qu’il vénère comme une déesse.
Entièrement situé en vase clos, dans les intérieurs d’un immeuble parisien, le film enchaîne les maladresses de mise en scène jusqu’à se transformer en une succession de clichés à la limite du supportable : apparition systématique d’une ritournelle chinoise dès qu’on entre dans l’appartement du vieillard asiatique, scènes de nu glacées et artistiques, les voisins de la jeune femme façonnés avec le même pittoresque rance que celui d’Amélie Poulain, tout y passe… Lorgnant du côté du Locataire de Polanski pour le côté « vie dans l’immeuble », L’Idole reste cependant confiné à la confrontation ennuyeuse et grandiloquente des deux héros sans qu’aucune épaisseur (psychologique, sentimentale, sexuelle…) ne vienne rehausser l’ambiance. Constamment en sous-régime, les acteurs baragouinent un français improbable (James Hong et Leelee Sobieski difficilement compréhensibles), ce qui achève de rendre leurs conversations aussi absconses que les enjeux du film.