En 1947, Humbert Humbert, un homme brillant et raffiné, professeur de lettres se fait littéralement ensorcelé par une jeune et espiègle nymphette de 12 ans, Dolorès, alias Lolita, fille de la propriétaire chez qui loge Humbert. A la disparition de cette dernière, Humbert s’institue protecteur de l’orpheline. La toute jeune fille va entraîner son amant dans un long et grisant périple à travers les États-Unis. Ce qui devait être une partie de plaisir pour Humbert va se transformer en enfer…
Mais quelle mouche a donc piqué Adrian Lyne ? S’attaquer au roman de Nabokov était déjà en soi une gageure, mais passer là après le grand Kubrick (son adaptation de Lolita est devenue un classique), c’était carrément aller au casse pipe. D’autant que le réalisateur de Liaison fatale et Proposition indécente, considéré comme un habile faiseur, n’est pas le plus subtil des réalisateurs. On comprend très bien l’émoi (pour ne pas dire l’indignation) qu’a pu susciter le roman lors de sa sortie en 1958. Il faut croire que l’histoire de cette relation amoureuse entre un homme mûr et une jeune mineure dérange encore, car le film n’a, à ce jour, toujours pas trouvé de distributeur aux États-Unis. Ce qui semble avoir véritablement choqué là-bas, c’est que Lyne ait choisi pour jouer Lolita une jeune actrice de 15 ans. Shocking !!! Le puritanisme américain étant ce qu’il est, c’est avec curiosité, à défaut d’impatience, que l’on attendait le film. Malheureusement, Lolita provoque au mieux le sourire, au pire l’ennui. La déception est au rendez-vous, pour plusieurs raisons : primo, en 1998, cette histoire, où plus exactement son traitement, n’a plus rien de sulfureux ni de scandaleux. Et surtout, le choix de Dominique Swaim dans le rôle titre n’est pas des plus judicieux. La jeune actrice vue récemment dans Volte face (elle jouait la fille de Travolta) fait beaucoup plus que son âge. Son talent n’est pas en cause, mais il est impossible de croire un instant qu’elle a 12 piges ! Cette simple réserve nuit franchement à la crédibilité d’une histoire déjà passablement tirée par les cheveux.
Rien de torride, ni de malsain dans ce film qui ne provoque aucun trouble et manque furieusement d’ambiguïté. Tout y est clair et limpide. Le réalisateur semble avoir privilégié l’esthétique au détriment de sa direction d’acteur. Jeremy Irons a franchement l’air de s’ennuyer ferme et Mélanie Griffith disparaît aussi rapidement qu’elle est apparue. Le spectateur, quant à lui, sombre tranquillement dans une douce torpeur devant les « belles images » que nous offre le réalisateur. C’est bien simple, on a parfois l’impression de feuilleter un bouquin de photos signées David Hamilton. 5 minutes ça va, mais 2h17 au secours !