Espion et demi, adaptation foutraque d’une série un peu oubliée (I Spy), est une sorte de version pas tout à fait adulte de l’hideux Spy kids de Robert Rodriguez. Pas tout à fait adulte parce que, comme l’indique son titre, il s’agit tout au plus, et après de laborieux efforts, de joindre les deux bouts pour obtenir 1,5 espion. Il y a là un espion professionnel, Owen Wilson, un 0,75 espion plutôt, tant ce James Bond benêt fait peine à voir, et un autre espion de circonstance, Eddie Murphy, que l’on ne peut qualifier de 0,75 espion que par esprit de rigueur mathématique. A eux deux, le compte est bon, mais pas le film. L‘atout d’Eddie Murphy, ici, est sa ceinture abdominale rutilante dont il fait la promotion malgré le poids des années. Dans la peau d’un champion de boxe quasi invincible, il file un coup de main à Owen Wilson pour récupérer un avion invisible, fleuron de l’armée yankee dérobé par un gredin (Malcom MacDowell, alias Alex dans Orange mécanique, quand même) prêt à le refourguer à n’importe quel enchérisseur de l’axe du mal.
L’heure étant aux bruits de bottes et claquements de talons, difficile de se prendre d’affection pour cet objet expédié en moins de 100 minutes. D’autant que le déluge d’horreurs concocté par Betty Thomas anéantit d’avance tout élan de sympathie. A l’instar de Spy kids, avec lequel il partage un goût fétichiste pour le gadget, Espion et demi fait régner la laideur sans retenue, clamant son amour pour le décor claudiquant et l’action approximative. L’allure innocente du franchement nigaud Owen Wilson ne parvient guère à dissimuler toute la difformité qui anime la moindre velléité de mise en scène. La seule idée du film déguisée en pulsion expérimentale -un gadget permet de voir et d’entendre, d’un oeil et d’une oreille, ce que voit et entend le partenaire- donne lieu à d’affreux et ringards split-screens faisant pitié à voir. L’argument ultra faiblard du film, ses giboulées d’inepties blafardes, la définitive crétinerie qu’il revendique ainsi que sa passion puérile pour l’inconséquence, rien ne sauve l’affaire.