Enfin un concept qui sort des sentiers battus. Project nomads fait assurément parti de ces OVNI (objet vidéoludique non identifié) rares et ambitieux qui ose à la fois briser et mêler les genres pour tendre vers une expérience ludique inédite. Inédit, comme cet univers aux accents très julesverniens : après que la planète Aeres se soit faite pulvériser, quelques survivants dérivent sur des bouts de terrain à travers l’espace et le temps, en fait des îlots qui composent le décors du jeu. Vous êtes un nomade (trois persos au choix : John l’ingénieur, Susie la magicienne ou Goliath le guerrier), un vagabond en quête d’aventure et c’est à vous que les Maîtres Bâtisseurs s’en remettent pour dénicher et pulvériser les Skrits, insectes géants responsables de la catastrophe. Au départ vierge de toute structure, votre îlot va petit à petit se transformer en véritable forteresse flottante à l’aide d’artefacts des Maîtres Bâtisseurs gracieusement donnés par vos congénères ou récupérés sur les îlots environnants.
On entame la partie en plaçant un à un sur l’îlot les premiers éléments de la future forteresse : un phare (coeur du dispositif, game over s’il est détruit), une tour de navigation (pour manoeuvrer et déplacer l’îlot dans l’espace), des tourelles de défense et des éoliennes. Ces dernières produisent l’énergie indispensable à la bonne marche des structures en place ainsi qu’à la construction de nouveaux bâtiments. La phase STR en quelque sorte. Ensuite, première mission dans les tourelles pour une classique phase de shoot en vue de défendre votre îlot, cible des Sentinelles, peuplade techno-addict désireuse de raser tout îlot pas rallié à sa sombre cause. Ceci, juste avant une première phase d’exploration, à la recherche d’armes magiques et de nouveaux artefacts. Project nomads alterne ainsi sans arrêt les genres au fil de l’histoire.
Dans un premier temps, notamment parce que les phases de shoot peuvent paraître assez répétitives, on émet de sérieux doutes quant à la validité du gameplay, d’autant qu’on a parfois du mal à saisir immédiatement l’utilité de certains gadgets : le jetpack, par exemple, qui vous propulse à 1 mètre à peine du sol -plus tard, pour sauter de plate-formes en plate-formes, l’engin révèle enfin sa véritable fonction ; ou le collecteur de charbon -pour quoi faire au juste ? Et puis question contrôle en vue à la troisième personne, on a vu plus finaud. Sans doute l’originalité du soft peut-elle aussi un peu dérouter nos esprits conditionnés, pas franchement habitués à tant de liberté créatrice. Par ailleurs, la progression scriptée et totalement linéaire a de quoi démotiver le gamer. Oubliez les premières impressions : Project nomads se révèle plutôt captivant sur la longueur. Les phases de shoot par exemple s’avèrent bien plus stratégiques qu’il n’y paraît puisqu’il faudra s’acharner sur certaines structures adverses avant les autres sous peine de voir son îlot rapidement anéanti. Difficile parfois de frapper au coeur du dispositif ennemi à distance, l’usage d’un aéroplane (envisageable après construction d’un hangar) sera donc nécessaire pour filer entre les îlots et atteindre des bâtiments cachés. Au fil du jeu, vous développez votre forteresse jusqu’à ce que celle-ci fasse figure de véritable usine d’armement : grâce aux nouveaux artefacts/bâtiments trouvés lors des phases d’exploration ainsi qu’aux nombreux upgrades disponibles après avoir combiner les bons artefacts dans la presse, étonnante structure dégotée sur le marché noir. Bref, pas question de s’ennuyer dans Project nomads, l’évolution est permanente et l’on éprouve même un certain plaisir à remplir les missions, ne serait-ce que pour découvrir de nouveaux espaces inexplorés conçus par l’équipe de Radon Labs, particulièrement bien inspirée. Un univers atypique qu’on pourra également explorer online, jusqu’à 8 joueurs en simultané, pour une bataille d’îlots totalement surréaliste et jubilatoire. Belle surprise, vraiment.