Un Tetris sur Xbox, c’est déjà savoureux en soi, le grand écart technologique du siècle, c’est la porte ouverte à tous les Pacman sur GameCube ou Lode Runner sur PS2. Un grand retour en arrière sur la console aux pecs surgonflés, il y a de quoi rester rêveur. On ne va pas revenir sur l’aura mythique du jeu original, son principe con comme une queue de pelle mais génialissime. Le jeu de toute une génération de salarymen dépressifs s’emmerdant au boulot, le cauchemar de tout PDG un tant soit peu soucieux de rentabilité. Depuis, la finalité de Tetris, c’est de se lover dans un portable, histoire d’accélérer le temps dans le métro par exemple.
A moins de faire partie d’une secte de mathématiciens slaves, on voit mal qui pourrait s’adonner à un quelconque succédané de Tetris, le gros pad noirâtre de la X entre les mains. Alors, évidemment, les développeurs ont un peu gonflé le concept -on va être franc, c’était plutôt courageux de leur part. D’abord, il y a un scénar’ fabuleux, une sorte de « Planète des cubes » au cours duquel des cubes-cyclopes cherchent à s’échapper de leur monde agonisant. Il y a même une cinématique où le chef des cubes joue les orateurs pontifiants devant toute la population cubique de la planète des cubes, le tout relativement bien torché. On n’en croit pas ses yeux mais le principal n’est pas là. En sus du Tetris original, on pourra goûter avec délectation aux joies de déclinaisons pas toujours très finaudes du concept original -dont certaines avaient déjà fait leurs preuves sur Dreamcast. Il y en a six au total, mais bizarrement, on revient toujours à l’original. Parce que c’est con à dire mais l’addiction fonctionne toujours. On joue quand même à ça d’abord en se demandant si on n’a pas mieux à faire. Puis on ne se pose plus de question et l’on reste comme hébété, à deux doigts de l’hypnose, devant l’écran resplendissant d’arrière-plans bucoliques 3D sur lesquels s’alignent inlassablement des carrés flashouilles. Le pouvoir lobotomisant de Tetris fonctionne toujours à plein régime malgré le poids des années. N’empêche qu’on n’avait pas vraiment besoin d’une énième version sur console next-gen pour le savoir…