C’est, à la lettre D, le match austral de l’automne, le choc des titans, la rentrée des classes rock’n’roll avec la classe en prime. Bien que The Datsuns et The D4 viennent tous deux de Nouvelle-Zélande, c’est bien vers le rock australien que les deux formations ont la tète tournée, la tête dans le rétroviseur, sans passéisme mais pas sans références, AC/DC en tète. Il est vrai qu’en ce qui concerne les impurs plaisirs liés à la chose qui arrive à vous faire bouger le crâne d’avant en arrière, en bougeant le derrière et en criant « Yeah ! » comme si demain n’existait pas (avec option deux doigts pointés vers le ciel), la musique de Malcolm et Angus Young est une référence insurpassable, au même titre que le Velvet Underground, MC5 ou The Stooges. AC/DC, quatre lettres qui valent mieux qu’un long discours, vous savez directement où vous foutez les pieds, pas d’histoires : au royaume d’un plaisir abruti, crétin, jouissif. Comme pour le punk ou la country : trois accords et la vérité.
A la droite du diable, The Datsuns sont d’une efficacité, d’une vulgarité, d’une classe 70’s incroyable. Ce groupe sait où il va car il fonce à bonne vitesse de croisière sur l’autoroute de l’enfer. Comme des Nashville Pussy avec encore plus de testostérone, si c’est possible, et le grand cornu aidant, c’est possible. Ces garçons tirent vers Motorhead, option stoner-rock énervé, crachent directement entre les deux yeux, salopent tout sur leur passage à grand coups d’orgues de Staline. Un disque qui arrivera paradoxalement à convaincre les fans de hard-rock que le rock’n’roll est vital et poussera plus d’un Indie-rocker trentenaire à revoir ce qu’il écoutait à l’aube de son adolescence.
Moins ouvertement dégueulasses, The D4 conserve les véhémentes références du punk et du garage rock, affichant sur la pochette ses influences : le Japonais Guitar Wolf et les Heartbreakers de Johnny Thunders, tous deux repris ici, option pied au plancher. Et sur Little baby, c’est l’impeccable Seasons of the witch de Donovan qui se voit scalper sans ménagement. Mais l’efficacité prime avant tout et les influences se disloquent rapidement pour n’offrir qu’une excitation totale, la classe de Detroit, l’exotisme en plus.
Deux groupes d’enculés de leurs mères, deux disques incandescents. Les écouter ne comprend aucun risque, seulement une forte possibilité de vouloir suer sa race sur scène ou dans le public pour une célébration païenne sans lendemain. La marine anglaise, quant à elle, peut lécher ses plaies et panser ses blessés. Pas de quartier.