Histoire de repartir sur de bonnes bases, on débutera la reprise des critiques manga par deux bandes-dessinées diamétralement opposées. Normal, ce sont respectivement la quintessence du shônen et du shôjo.
Honneur aux dames avec Fruits basket de la mangaka Natsuki Takaya. Dans la plus grande tradition shôjo, entre graphismes Clampiens (trait fin et éthéré, bishônen efféminés à foison) et scénario à la Rumiko Takahashi (un subtil arrière-goût de Ranma 1/2), Fruits basket s’intéresse au cas de Tohru, jeune lycéenne vivant dans une tente (!) depuis la mort de sa mère. Comme une bizarrerie n’arrive jamais seule, une tempête l’oblige à se réfugier chez les jeunes garçons du clan Sôma. Dont la particularité est qu’ils se transforment en animaux du zodiaque chinois dès qu’ils frôlent un élément du sexe opposé. Cet aspect exotique permet de ponctuer cette comédie sentimentale sommes toutes classique de running-gags et quiproquos plutôt marrants -les garçons se retrouvent à poil lorsqu’ils reprennent forme humaine ce qui provoque moult glapissements de pucelles effarouchées. Au-delà de l’inévitable mise en place propre à toute série destinée à s’étirer sur plus de 40 volumes, le manga de Natsuki Takaya s’engage dans une voie relativement prometteuse. Ce que le succès phénoménal de l’adaptation animée au Japon semblerait vouloir confirmer.
Nouveau poulain de l’écurie du magazine Shônen weekly jump -le temple du shônen pur jus qui a pré-publié les classiques Dragon ball, Hunter X hunter et autres One piece-, Masashi Kishimoto fait ses premières armes en respectant à la lettre les conventions du genre. Son héros, Naruto, est un apprenti ninja un peu cancre dont l’ambition est de devenir un maître Hokage. Rebelle et indiscipliné, son seul atout est qu’il possède la force d’un ancien démon, un renard à neuf queues qui a autrefois détruit son village natal. Le reste est à l’avenant… Périples initiatiques, valeurs moyennement gauchistes tournant autour du courage, de l’abnégation et du sens du sacrifice, univers fortement rattaché aux traditions nippones mais subtilement décalé -ici une sorte de fantasy steampunk-écolo. Kishimoto enfile un peu les clichés comme des perles mais son univers attachant et rafraîchissant, et son dessin aux traits vifs et élancés parviennent à faire passer la pilule. Une bonne dose d’humour débile et quelques bonnes idées en feront même peut-être un classique du genre pour les gaballiens en manque qui restent.