A force de la voir en rotation sur MTV avec ses clips de biatche R&B, on avait presque oublié que Jennifer Lopez était aussi actrice -c’est d’ailleurs son premier métier. Plus jamais, dernier fleuron en date d’une carrière marécageuse (dont se distinguent U-turn d’Oliver Stone et Hors d’atteinte de Steven Soderbergh), confirme pourtant un vrai talent de comédienne, une présence convaincante qui réussit par instants à sauver les meubles de ce nanar pas désagréable. Il est clair que sans elle, Plus jamais n’existerait pas, si ce n’est sous la forme d’un téléfilm des familles, un Hollywood nights à peine customisé pour grosse déprime de samedi soir.
De chaque plan ou presque, J.Lo parvient à triompher d’un scénario prévisible, dont l’unique intérêt tient au large panel de nuances offertes à notre Bomba Latina. Dans le rôle de Slim, Jennifer fait feu de tout bois, d’abord serveuse à la ramasse, puis épouse heureuse, cocue tabassée, victime aux abois et, last but not least, karatéka vengeresse. C’est dans cette sorte d’initiation d’une « Chienne de garde » que Plus jamais offre ses moments les plus amusants, plongeant tête baissée dans les affres d’un manichéisme vulgaire, pétri de clichés et plutôt fier de l’être. Le mari sadique au possible, la fidèle copine du snack (pauvre Juliette Lewis, réduite à jouer les utilités), les larmes d’une gamine qui ne comprend pas pourquoi papa devient si méchant, les cours de self-défense de la maman, rien ne nous sera épargné, et ce jusqu’au combat final, petite apothéose que n’aurait pas reniée une Betty Mahmoody dopée aux hormones. Après avoir échappé mille fois à son époux timbré, Slim se retrouve seule face à lui, des mois de hargne rentrée qui vont enfin pouvoir s’exprimer via un arsenal de pièges sophistiqués et une maîtrise des arts martiaux digne de l’ami Van Damme. Bref, ça bastonne sec, et malgré son gros cul, J.Lo fait preuve d’une souplesse et d’une agilité quasi-félines, correctement rendues par Michael Apted (qui en a vu d’autres : il a signé un James Bond). Alors oui, c’est vrai, cette fille est crédible dans à peu près tout ce qu’elle entreprend, mais reste à se demander si on avait besoin de ce véhicule insipide pour en avoir la preuve…