Jeune groupe australien, The Vines est la coqueluche de la presse anglaise : le NME, avec son irrésistible sens de la formule, compare la musique du groupe à « la parfaite synthèse des Beatles et de Nirvana ». Et effectivement, c’est bien ce mélange de rock saturé et de mélodies pop que proposent les Vines, le chanteur s’appliquant consciencieusement à singer tantôt Kurt Cobain, tantôt Paul McCartney, parfois au sein même d’une seule chanson. Factory est ainsi une resucée honteuse de Obladi Oblada, avant de virer In vitro sur le refrain. Ce qui n’avait jamais encore été fait, il faut bien le dire.
Et comme j’ai toujours été moins Stones que Beatles, je préfère les jolies mélodies chantées hautes aux braillements prépubères de ces chères têtes blondes. Car si Kurt Cobain fut un véritable songwriter sachant écrire de vraies mélodies (en témoignent leurs versions unplugged), les Vines n’ont que des embryons de chansons à offrir, dès qu’ils branchent la disto. Ils font du bruit et braillent comme des routiers avinés, noient la nullité de leur inspiration derrière beaucoup de bruit, pour rien. Par contre, quand ils calment le jeu (la bête), sur cette jolie ballade au piano intitulée Homesick, ils redeviennent presque aussi innocents que les Gorky’s Zygotic Mynci. Les Gorkies avec un gros son FM, cependant.
Car la mainstreamisation qui guette tout début de talent a frappé ces jeunes pousses avant qu’elles n’éclosent. Pervertissant toute spontanéité en vilain calcul de royautés. Dans leurs meilleurs moments, ils rappellent finalement le pire de la brit-pop : le pire de Blur, c’est-à-dire ce stéréotype de pop anglaise, débitée au kilomètre, sur Ain’t no room ; le pire de Oasis, c’est-à-dire ce décalque psychédélique des Beatles, sans la capacité à écrire les chansons équivalentes ; le pire exemple de la ligne de basse, la ligne de basse prog-rock de Mansun, sur 1969. Ce qui explique peut-être l’affection que leur porte le NME…
Ces jeunes sont trop jeunes. Espérons que leur label leur offrira quelques disques de son catalogue pour pallier à leur manque flagrant de culture musicale. Highly evolved est de toute évidence un disque bâclé sur la foi d’un single tapageur, et représente en quelque sorte une involution de la pop-music.