A priori Slackers possède tous les attributs du teen movie consensuel racontant les menues mésaventures d’un jeune premier sympa, de ses potes mega cools et de sa copine super canon. Sur un ton prétendument désinvolte, Dewey Nicks nous dresse donc le portrait de ses « slackers » (« branleurs » en bon français), une bande de potes qui préfère inventer des ruses super compliquées pour tricher aux examens plutôt que de tourner une seule page du bouquin de Sciences-Nat. Evidemment, l’initiateur de ce manège malhonnête finira par prendre conscience que « tricher c’est mal » et rentrera très vite dans le droit chemin pour les beaux yeux de sa belle, une étudiante studieuse. Entre-temps, le cours tranquille du film est heureusement perturbé par les irruptions dissonantes d’un drôle d’individu, « Ethan le beau gosse », interprété par Jason Schwartzman, électron insaisissable au sein de ce divertissement cloisonné.
Quasiment en roue libre dans les scènes où il intervient, celui qui fut le héros du Rushmore de Wes Anderson compose un personnage de méchant -il fait chanter les héros en menaçant de dénoncer leurs tricheries- particulièrement réjouissant. Bondissant soudainement dans le plan tel un Marsupilami sous ecsta, Jason Schwartzman s’avère totalement imprévisible, comme si l’acteur s’était donné pour but de semer la pagaille dans les gamineries mises en scène par le réalisateur. En amoureux transi limite psychopathe -il confectionne une poupée à partir des cheveux de la fille de ses rêves qu’il récolte sur son passage- Schwartzman se révèle même d’un burlesque inquiétant. Plus que le fadasse Devon Sawa (clone d’Eminem dans la vidéo de Stan et héros pustuleux de Destination finale), c’est donc Jason Schwartzman la vraie vedette de ce film et en tout cas la seule bonne raison de se déplacer pour le voir. En espérant que le garçon garde par la suite sa spontanéité loufoque…