Au royaume des musicals scriptés exportés jusqu’à nos latitudes peu portées sur le genre, PaRappa régnait en maître. Hélas, dès le deuxième opus de ses mésaventures, le cabot platoïde a commencé à manifester les premiers symptômes d’un rhumatisme sclérosant. En ces périodes d’hégémonie de l’araignée rouge et bleue, quoi de mieux qu’un super-héros pour lui piquer son trône ? Un super-héros moche, ridicule et pleurnichard de surcroît, ça nous change des boutonneux body-buildés éjaculant leur trop-plein d’hormones par le poignet.
U-1, c’est son nom, passe du statut d’écolier « ijime » à celui de « super-guitariste » grâce à son chien Puma mi-canin mi-androïde qui lui révèle sa véritable nature. Direction l’espace intersidéral pour sauver une petite planète du joug des infâmes Gravillians et voyage initiatique à la « tu seras un homme mon fils ». L’apprentissage de la vie grâce au combat guitar-hero il fallait oser, mais ça n’est finalement pas moins con que la découverte de soi à travers une lutte contre des fabricants de noodles. Un scénar’ de base improbable donc, pour alterner cut-scenes idoines et phases de jeu, de ce point de vue-là, on reste en terrain connu. Gitaroo man marche sur les traces de PaRappa ou Space Channel 5, mais comme c’est un petit nouveau il lui a fallu trouver de quoi se faire remarquer.
L’affrontement contre les adversaires de U-1 se partage donc en deux phases distinctes : une première où il faut simuler des riffs de guitare en suivant avec le stick analogique une ligne tortueuse et en appuyant sur la touche « rond » plus ou moins longtemps lorsqu’apparaît une espèce de tube orangeatre. Une deuxième plus classique où il s’agit, à l’instar de la majorité des jeux de ce genre, d’appuyer sur les boutons correspondants aux symboles qui défilent sur l’écran.
Gitaroo man injecte donc une once de nouveauté, basée sur la dichotomie stick-bouton, dans une architecture ludique qui sent la mémé qui se néglige. De quoi laisser ses concurrents sur la touche. D’autant que contrairement au MC-chiot adepte du flow, Gitaroo man propose un challenge qui risque bien de détruire définitivement les phalanges un peu trop sollicitées du joueur pugnace. Même s’il est de courte durée -10 niveaux-, les plus fanatiques de la performance pourront goûter aux joies d’un mode « master » réservé aux virtuoses du joypad et aux musclés des métacarpes. Avec son design cartoonesque-portenawak -qu’on a rarement l’occasion d’admirer à moins de se contenter d’être spectateur-, sa difficulté aux petits oignons et l’habile recyclage d’une recette éprouvée, Gitaroo man parvient à atteindre le haut du panier des rares musicals qui débarquent dans nos contrées. C’est aussi, il faut bien l’admettre, une bonne surprise qui débarque sans prévenir. Toujours bon à prendre en cette sombre période d’unifomisation et de portages multi-plates-formes sans saveur.