Nostalgie old-school et difficulté à l’ancienne : méfiance, Maximo débarque avec son lot de concepts « hardcore-gamer réac' ». Capcom, l’éditeur qui trouve une idée par décennie et qui déploie des trésors d’inventivité pour décliner une licence à toutes les sauces, n’a rien trouvé de mieux que de dépoussiérer un antédiluvien hit d’arcade, le préhistorique Ghosts’n’goblins (et ses clones, de Ghouls’n’ghosts à Super ghouls’n’ghosts). D’abord prévu sur N64, le projet s’est finalement retrouvé sur PS2, console avare en bons jeux de plates-formes, si on oublie l’excellent Jak & Daxter et le très satisfaisant Klonoa 2. Vu l’impression mitigée devant le très décevant Devil may cry, on attendait Maximo avec une pointe de circonspection. Surprise : le remake 3D du jeu culte de l’ère 8-16bits se révèle plus emballant que prévu.
Premier point de satisfaction : Maximo n’a quasiment conservé de l’original que son ambiance. Squelettes, morts-vivants, cimetières, décors dynamiques, et pour pimenter le tout une pincée de références à Medievil, Terry Pratchett et Tim Burton. L’inévitable « caleçon » du chevalier mis à nu par les agressions répétées d’assaillants particulièrement vindicatifs est aussi de la partie, running-gag indispensable à tout hommage ghosts’n’goblinesque qui se respecte. Le gameplay, sans changer radicalement, se limite à un mix beat’em all / plates-formes finalement assez éloigné de l’original : le maniement du personnage, plus qu’agréable, est complexe mais intuitif. Une large palette de coups d’épée, et de lancers de bouclier, qui s’étoffe au fur et à mesure que le preux chevalier Maximo collecte des bonus (épée enflammée, épée tonnerre, bouclier boomerang, etc.). Le seul point noir, c’est la caméra. Souvent mal placée, elle a une fâcheuse tendance à masquer la racaille d’outre-tombe qui surgit derrière votre casque à plumes sans prévenir. On peut bien sûr la replacer derrière le personnage avec une des gâchettes analogiques, mais le retour à la normale est un peu lent et fastidieux. Il manque indiscutablement la possibilité -comme c’était le cas dans Jak & Daxter– de déplacer la caméra avec le deuxième stick analogique. Une option qui fait cruellement défaut à un jeu qui se veut aussi frénétique et… difficile, donc, puisque c’est le leitmotiv de ce G&G new-age.
Une difficulté indéniable mais qu’on a un peu eu tendance à surestimer : Maximo est dur, certes, mais loin d’être insurmontable… Si on fait preuve d’un minimum de patience. Pour corser un peu l’affaire, Capcom a ajouté au jeu une constante du survival -eh oui, quand même, Resident for ever-, tout a un prix. Sauvegarder, revenir aux niveaux précédents, les crédits, tout se paye, à grands renforts de pièces d’or et d’âmes à collecter. Il ne faut donc pas hésiter à recommencer un niveau dans lequel on aurait perdu trop de vies précieuses, sous peine de se retrouver fort dépourvu au fur et à mesure que l’on progresse dans le jeu. Paradoxalement, les boss, eux, ne posent pas de réels problèmes une fois leur point faible découvert.
Niveau réalisation, le jeu accuse un peu son passage sur la 64bits de Nintendo. Malgré quelques effets de brouillard volumétrique et des personnages / monstres bien modélisés, les décors sont parfois un peu sommaires. Maximo se place tout de même sans trop de mal dans le haut du panier des productions récentes de la PS2. Une bande-son irréprochable, très arcade-like, et des cut-scenes plutôt bien balancées viennent compléter un tableau pas forcément idyllique, mais tout ce qu’il y a de plus respectable.
Maximo ne se contente donc pas de se reposer sur les lauriers old-school du mythique Ghosts’n’goblins, auquel il emprunte l’univers et quelques gimmicks. Bizarrement, c’est même un jeu qui sait faire montre d’une certaine fraîcheur d’esprit. Et qui propose un véritable challenge à la hauteur du harcore-gamer moyen, sans jamais vraiment tomber dans le piège de la frustration. Avec un système de caméra moins contraignant, il aurait presque pu frôler la perfection…