L’angle le plus évident et le plus neuneu pour parler de Dead or alive 3 (DOA3) serait d’aborder principalement l’aspect érotico-torride du jeu, ses amazones hyper-poitrinées, ses éphèbes aux pectoraux bien huilés, mamelles bondissantes et muscles saillants. Or, on se trompe, malgré ses sommets d’hétéro-beauferie, DOA3 est un jeu totalement asexué : ses personnages ressemblent à ces poupées gonflables hyper-réalistes qui font leur maximum pour simuler le corps humain mais reniflent le caoutchouc à plein nez. A moins d’être plongé dans la misère sexuelle la plus noire, il faut vraiment être motivé pour choper la gaule en se bastonnant à DOA3.
DOA3 n’est qu’un jeu de fight synthétisant à merveille le sérieux d’un Virtua fighter -système similaire d’enchaînements, pompage éhonté de certains décors et modes de jeu, inspiration à peine masquée d’extase visuelle panasiatique à la Yu Suzuki- et le kitsch d’un univers d’ado boutonneux se paluchant devant les pages lingerie du catalogue de la Redoute en écoutant Aerosmith, guest star inattendue de l’OST de DOA3. La symbolique cucul la praline de certaines cinématiques -il faut voir celle de la tueuse à gages Christie qui clone joyeusement les pubs pour la peinture Valentine- associée aux gimmicks de l’imagerie classique des arts martiaux -fleurs de cerisiers, ninjas noctambules et tout le tintouin- confère à DOA3 une espèce de grâce involontaire, un temple du mauvais goût assumé et gentiment putassier.
C’est sans doute ce qu’il fallait déployer pour masquer un gameplay des plus classiques. L’épisode précédent, sur Dreamcast et PS2, parvenait à sortir la licence du lot en introduisant, enfin, une véritable interaction avec un décor en 3D. Difficile de supporter les habituelles arènes carrées des autres jeux de baston après avoir goûté aux gigantesques et complexes environnements de DOA2. Quoi de neuf sur ce nouvel opus alors ? Si peu, ou presque : trois nouveaux personnages (Christie donc, Hitomi, lycéenne nippone championne de karaté, Brad Wong, adepte du style de l’homme saoul), de nouveaux décors, et un boss encore plus mal foutu que Tengu, le démon à prothèse phallique en plein milieu de la figure. Mais reconnaissons-le, c’est beau. La Xbox donne tout ce qu’elle a dans le ventre, les décors sont véritablement enchanteurs, de la forêt toute simple mais merveilleusement modélisée aux rues moites de Hong Kong. Pour ceux qui n’ont jamais touché à DOA2, c’est l’extase : même si DOA3 emprunte un peu trop à ses concurrents, il reste un jeu de baston tout ce qu’il y a de plus honorable. Les autres auront vite fait de boucler le mode Story en un peu plus d’une heure, il ne leur restera plus qu’à essayer de débloquer de nouveaux costumes pour leurs combattants. Les développeurs en ont d’ailleurs profité pour rendre cette quête bien plus tordue que dans l’épisode précédent : à moins d’avoir la soluce sous les yeux, il va falloir cravacher dur pour renouveler la garde-robe.
Démo technique de toute beauté, DOA3 n’a pas su se renouveler. C’est d’autant plus triste que la concurrence va être rude. Face au formidable Virtua fighter 4, à la belle surprise Tekken 4 et au très attendu Soul calibur 2, il ne restera plus à DOA3 qu’à miser sur son habillage deluxe pour se démarquer. C’est bien peu, mais en attendant la contre-attaque des grands noms du genre, on n’a pas trouvé mieux pour se défouler.