Le titre résume à lui seul les deux aspects du film : une comédie légère autour d’un mariage, avec en filigrane une revendication politique. Cheto, Kurde vivant à Paris, choisit son épouse à l’aide d’une vidéo et « réceptionne » sa soeur, femme moins avenante. Mais, pour des questions d’honneur, Cheto sera obligé de l’épouser et le film nous narre le parcours de cette femme en quête d’autonomie. Cette lutte pour son indépendance rappelle celle du peuple kurde, lutte omniprésente dans les activités des Kurdes à Paris, regroupés dans une association qui organise régulièrement des réunions, des collectes qui prennent la forme de véritables impôts pour les « frères » restés au Kurdistan , des manifestations et des fêtes.
La description de cette population immigrée change de l’image présente sur les écrans. Cette véritable communauté essaie de vivre en s’entraidant, dans le respect des lois françaises. Le cinéaste s’est bien gardé de centrer son film sur une espèce de discours de propagande, mais plutôt d’évoquer la cause kurde à l’aide d’une comédie en plusieurs points efficace.
L’aspect politique du film, présent lors des discussions entre Kurdes sous la direction du doyen des immigrés, possède un charme un peu désuet, du à une forme démonstrative, probablement incontournable pour transmettre des informations aux spectateurs, ignorants des problèmes kurdes.
Malheureusement, malgré le ton de comédie réussi, le propos politique louable et inattaquable, Vive la mariée… et la libération du Kurdistan se devait d’être avant tout un film de cinéma et, de ce point de vue, nous pouvons regretter que la mise en scène n’ait pas mieux servi le film. Trop conventionnelle et parfois lourde, elle gâche plusieurs séquences du film. Du coup, Hiner Saleem échoue là où avait totalement réussi Chronique d’une disparition, chef-d’oeuvre du palestinien Elia Suleiman, autre film sur un peuple en quête d’Etat.