A la fin des 80’s, Big Red et Daddy Mory passaient de Rapsonic à Raggasonic. Comme le nom l’indique, une nouvelle ère s’ouvrait pour le duo. Bien que médiatique et faste (un disque d’or, les succès massifs des singles J’entends parler du Sida, Aiguisé comme une lame avec NTM et surtout Faut pas m’prendre pour un âne) celle-ci sera de courte durée. Après deux albums, la séparation de Raggasonic libère son pilier principal d’un poids conséquent. Car si le dossier de presse décrit un split « prévisible et respectueux », les propos récemment lâchés par Big Red dans quelques magazines laissent penser qu’avant de raser ses dreads, le plus grand des deux a vu rouge carmin…
Fraction salutaire puisqu’après Big redemption, premier album solo sombre qui marquait un retour aux sources, l’artisan raggamuffin livre la suite : Redsistance. Après trois années de préparation, jalonnées notamment d’une collaboration avec DJ Muggs (Cypress Hill), Big Red a injecté dans son sirop reggae/ragga une bonne dose de piments West Coast. Sans toutefois distribuer à quiconque le rôle de La Mouche, l’impression que Cronenberg a fait pénétrer Snoop Dogg et Big Red dans le même sas de téléportation se laisse attraper au détour de quelques titres (Funky beat, Predominant). Une originalité notoire qui ne dispense pas Frenchie, le Dj complice de Big Red depuis l’aventure Raggasonic, de sampler la voix de Bob Marley dans un titre 100% reggae (Raisonne), de donner dans le cuivre et le dub (Naima) ou de s’inscrire dans la droite lignée de l’ancien duo (Révolution). Red Rat assure quant à lui le titre le plus dancehall de ces quinze morceaux éclectiques (Big Red & Red Rat).
Se frotter au ragga (ça se danse comme ça après tout!) supporte mal un intellectualisme de tout crin que peut justifier l’approche du hip hop. Quel que soit l’engagement sincère de certains textes (Africa), Big Red ne déroge pas à cette règle. Lorsqu’il s’adresse aux filles notamment (Gent féminine), un sourire moqueur le dispute à l’envie de rappeler à Big Red que les intéressées ne l’ont pas attendu pour savoir quoi faire et, que finalement, sa visible bonne volonté dissimule mal une forme de misogynie aussi courante qu’inconsciente sans doute (« J’aime quand elle est discrète et clean, Quand y’a du vice dans l’oeil d’une coquine, Vaut mieux se méfier si t’aimes pas les fouines, Tu sais mignonne est très très maligne »). Aussi, certains titres d’albums ou de chansons égalent autant de tentations (coquines donc) de les citer : Redvolution, Hot is red ou Predmoninant, (la question à 15 euros étant : dans Predominant y’a Red ?).
Un conseil sans prétention donc: pour s’oublier franchement, s’abîmer pourquoi pas en s’offrant une suée revigorante et sensuelle dans un bain dancehall ouvertement et volontairement voué au frotti frotta, autant s’adresser au zouk de Lord Kossity (The Real Don). Cerveau de côté et toutes fesses dehors… Pour ce qui est de Big Red, la deuxième partie de l’album, annoncée « plus profonde », devrait sortir dans quelques mois. Forte d’une nouvelle collaboration avec Dj Muggs accompagné de son complice Sen Dogg et de Rocca.