Le label Active Suspension a, en bientôt quatre ans d’existence, acquis une très honorable réputation de chercheur et de découvreur sur la scène électronique expérimentale française. Bye bye de Domotic marque un tournant pour la structure puisqu’il s’agit du premier format album édité par le label. Après un maxi sorti en vinyle au cours de l’année dernière et un titre sur la compilation Variable access, ce disque est la cible de tous les regards.
Caché derrière le pseudonyme de Domotic, Stéphane Laporte est venu de Marseille à Paris en emportant dans ses valises des jouets par milliers. La base de son travail, le fil rouge de l’album, c’est l’utilisation de petits claviers électroniques pour enfant. L’univers même des morceaux semble toujours plus ou moins se rattacher à l’enfance et mettre en mouvement des images du passé, chargées d’émotions. Bye bye n’est pas un adieu, juste un regard lancé par dessus l’épaule. De Cyclatron qui ouvre l’album dans une salle de classe à Durchkomponiert et sa nostalgie vagabonde, Domotic peint des paysages sonores tantôt en pastel, tantôt en noir et blanc. Il raconte des histoires et créé des personnages inspirés de la mémoire d’adultes nostalgiques. On se verrait presque, nous aussi, évoluer dans ces scènes chargées de souvenirs d’un temps vécu et pourtant si irréel aujourd’hui.
Loin de cet aspect immature, la technique n’est cependant pas absente de Bye bye, Stéphane Laporte sait transformer les sons de ses instruments de brocante et leur donner une dimension supérieure sans perdre de leur âme ni de leur fraîcheur. Derrière cette rêverie délicate, on remarque le travail et le temps passé sur les machines dès lors qu’on veut bien y prêter attention. Ce qui frappe sur ce premier album c’est la qualité de son et de production, toutes deux dignes de comparaison avec les noms établis de l’electronica (de To Rococo Rot à Schneider TM). Cet aspect mécanique ne passe heureusement jamais en premier plan et la maîtrise de Stéphane dans ses compositions lui permet de faire oublier la technicité, conscient qu’il est de ne jamais devoir se prendre trop au sérieux. On contemple le résultat de ces heures laborieuses, dédiées à construire méticuleusement le rêve éveillé d’un passé idéal.
Reste un disque émouvant, où l’expérimentation électronique se drape de chaleur humaine et laisse parler ses influences pop, à travers des mélodies conteuses d’un passé idéal. Sorte de Peter Pan électronique, Domotic réussit son voyage initiatique et transforme ses aplats abstraits en un album photos d’une enfance que nous chérissons tous.