Auréolé par le Lion d’Or obtenu au dernier Festival de Venise, Le Mariage des moussons est une oeuvre en partie autobiographique dans laquelle la cinéaste Mira Nair entreprend de décrire le milieu social dont elle est issue : la bourgeoisie indienne. Le principal mérite du Mariage des moussons est alors de nous montrer comment celle-ci se laisse peu à peu gagner par la mode occidentale mariant de plus en plus aisément le sari traditionnel avec le sac Prada ou la montre Gucci. Bref, la mondialisation des mœurs suit bien son cours, quel que soit le continent et le poids des cultures ancestrales. Pour le reste, le film zigzague sans grande surprise entre marivaudages amoureux, intrigues vaudevillesques et drames convenus.
A l’occasion du mariage de leur fille unique, la famille Verma organise une grande fête dans la tradition Penjab. Ses membres venus des quatre coins du monde se retrouvent réunis pour quelques jours au cours desquels, malgré la liesse générale, les non-dits et les malaises finissent par ressurgir. L’ensemble du film de Mira Nair repose ainsi sur un principe de dénonciation qui fonde beaucoup d’œuvres évoquant la famille : il s’agit de faire sauter le vernis des apparences pour mieux mettre à jour les horreurs sous-jacentes. De Festen de Thomas Vinterberg (la réalisatrice avoue s’être inspirée des méthodes légères du Dogme), Mira Nair reprend ainsi le thème de l’inceste qui servira de détonateur principal. Hormis le fait que l’action se situe en Inde, avec le cortège de détails exotiques qui ravira sans nul doute les Occidentaux en quête de dépaysement, Le Mariage des moussons, ne se démarque pourtant en rien des intrigues prévisible des drames bourgeois.
C’est dans la sensualité des séquences de danses (clins d’œil avoués aux films de Bollywood) et d’une intrigue secondaire (l’attirance magnétique du maître de cérémonie pour une jeune domestique) que le film se démarque enfin d’une vision carte postale du pays (voir les jolies couleurs des tentures, des fleurs et des saris). Le Mariage des moussons fait ainsi partie de ces films qui, à l’instar du Kandahar de Makmalbaf, s’adressent en priorité au public des festivals, leur donnant à voir ce qu’ils ont envie de voir. On est en droit d’attendre beaucoup plus.