Les noces de l’art contemporain et de la pop culture trouvent leur point d’orgue avec ce premier Live at Centre Pompidou de Console. Musique électronique, abstraite, conceptuelle, musique qu’on écoute dans un fauteuil moelleux dans une salle douillette où on ne fume ni ne boit, musique désincarnée, la création de Martin Gretschmann s’apparente désormais à l’art officiel subventionné. Elle est appréciable comme tel.
Des loops de bruits d’animaux indistincts, des beats qui pulsent, des glitches stéréophoniques, des nappes subtiles de Korg, la musique de Console est une planerie confortable et hi-fi, du home-listening muséal, qu’on écoute bien calé sur ses accoudoirs en fermant les yeux. Sa dimension esthétique correspond au passage de témoin du night-club au musée national, son origine dance-floor digressant vers un futur contemplatif. Du Edgar Froese électronique, du Pink Floyd synthétique, voilà le live de Console au Centre Pompidou ou comment faire de la musique psychédélique en 2001.
Forcément, ce Live at centre Pompidou est agréable aux oreilles, comme du easy-listening sophistiqué. Jouant sur les silences, les variations de volumes sonores, il s’apparente moins à l’electro allemande dont Rocket in the pocket était l’étendard qu’à la musique new-age de Soleil vert, celle qui accompagnerait nos derniers instants. Est-elle créatrice d’images, pour ainsi entrer au musée ? Plutôt de ces images fractales dérivant lentement vers l’extrême complexité, celles qui accompagnaient nos premières raves adolescentes, entre une réédition de Thimothy Leary et le pavé sur l’underground de Jean François Bizot. Néo-post-rock kitsch ou electronica minimaliste, dans l’immaculée blancheur des murs du musée (voir la pochette du disque), l’expérimentation électronique se voit donner sa légitimité par l’art bourgeois.
Musique pour initiés, ce Live at Centre Pompidou permettra à l’underground de devenir officiel, à l’officiel de devenir underground, et tout le monde s’y retrouvera. Mais au-delà de sa dimension esthético-politique, ce projet est un disque de musique électronique, un live sans sueur ni sang, une musique cérébrale et hypnotique, à la distance toute conceptuelle. A apprécier comme tel.