En 1945, après la guerre, John Macreedy (Spencer Tracy), un homme manchot âgé d’une soixantaine d’années, débarque à Black Rock, petite bourgade de l’Ouest perdue en plein désert. Les habitants se montrent, dès son arrivée, profondément hostiles. Macreedy est sans doute le seul étranger venu ici depuis quatre ans. Menaces, sentiments de panique et agressivité envers sa personne le poussent à penser que les habitants de Black Rock ont quelque chose à se reprocher…
Un Homme est passé, réalisé en 1954, est un brassage réussi de quelques genres typiquement américains. On passe du fantastique, avec un personnage manchot emplit de mystère et la folie des autres protagonistes, au western (les décors naturels, l’atmosphère) et au film policier. Notre homme est effectivement décidé à connaître la vérité et à résoudre un drame enfoui.
Le film est une fable morale virulente à l’encontre du maccarthysme et de toute forme de racisme. L’allégorie est à ce point importante que son réalisateur n’a pas hésité à estropier un genre qu’il connaît bien : le western (Fort Bravo en 1953, Règlement de comptes à O.K. Corral, en 1956, ou encore Les Sept mercenaires en 1960). John Sturges a volontairement réduit son genre de prédilection à une succession d’effets kitsch. Ce ne sont plus ici les cow-boys, mais les habitants appartenant à une Amérique profonde et raciste qui a perdu toutes ses valeurs morales qui sont montrés (cf. la scène où la populace s’affaire autour de Macreedy comme les corbeaux dans Les Oiseaux d’Hitchcock). En somme, une tragédie au style contenu, filmée sous un soleil de plomb, et qui n’a rien perdu de sa force. A revoir ou à découvrir.