Vendu comme un thriller à vous glacer le sang, Pas un mot n’est en fait qu’une pénible resucée des succès du genre, du Silence des agneaux à Seven. Rien de bien inventif donc et encore moins de savoir faire à l’ouvrage dans cette pâle copie réalisée par un tâcheron sans grande imagination ni talent.
Eminent psychiatre, le docteur Nathan Conrad (M.Douglas) mène une vie de privilégié dans un quartier bourgeois de New York avec sa superbe femme et son adorable petite fille. Son existence bascule pourtant dans l’horreur quand cette dernière se fait kidnapper par des ravisseurs qui vont exercer un horrible chantage sur le docteur. Nathan ne dispose en effet que de quelques heures pour extirper de la mémoire d’une jeune psychopathe les six chiffres d’une combinaison qui conduit tout droit à la cachette d’un énorme rubis. Entre-temps, une séduisante détective enquête sur la découverte de cadavres dans l’Hudson. Extrêmement codé et ultra-visité, le thriller exige un minimum de création pour parvenir à faire encore peur à des spectateurs rompus à l’exercice. Ici, force est de constater une désolante impression de déjà vue qui nous permet de prédire au plan près ce qui va se passer. Pas très finaude, la réalisation de Gary Fleder ne ménage ainsi aucun mystère et laisse à découvert ses grossières intentions.
Pire que tout, Pas un mot se veut aussi un plaidoyer en faveur de la famille conforté par un ensemble vaseux de théories psychanalytiques vaguement développées. Par le biais d’Elisabeth, internée à l’âge de 10 ans dans un hôpital psychiatrique après la mort de son père, le film tente de rajouter une profondeur humaine à l’enchaînement rocambolesque des situations. Usée jusqu’à la corde, l’intrigue de ce « polar-thriller-psychanalytique » est à l’image de son acteur principal, un Michael Douglas fraîchement lifté qui tente en vain de maintenir les apparences.