L’une vit en Angleterre, l’autre aux États-Unis, toutes deux croient être fille unique. Par le plus grand des hasards, elles se retrouvent dans le même camp de vacances ; de par leur ressemblance, elles doivent se rendre à l’évidence : elles sont jumelles ! Qu’est-ce qui a pu provoquer leur séparation ? Le spectateur échafaude alors diverses hypothèses : un naufrage, un tremblement de terre, un parent malfaisant convoitant un héritage mystérieux ? Pas du tout, leurs parents (Dennis Quaid et Natasha Richardson), après leur divorce, pour ne plus être obligés de se revoir, ont décidé de partager leur progéniture. Cette solution, on ne peut plus pragmatique, qui assimile des enfants à des biens que l’on se distribue, nous est présentée comme une vulgaire ficelle scénaristique. Remarquez, des jumelles, c’est pratique, personne n’est lésé ; les deux époux ont exactement la même chose alors qu’avec une encyclopédie ou un canapé cela devient plus problématique. On ne préfère pas imaginer ce qu’ils auraient fait avec des triplés ou encore des siamois.
Ne vous attendez surtout pas à une réflexion sur l’inné et l’acquis. L’une est certes plus sophistiquée car élevée sur le vieux continent alors que l’autre est plus « nature » car vivant dans un vignoble en Californie, mais toutes deux sont des petits lutins savants ; fines lames à l’escrime et jouant au poker comme de véritables durs à cuire. Quant aux conséquences psychologiques d’une telle séparation, elles ne sont bien évidemment pas envisagées par le film. Encore que…, seul un traumatisme profond peut expliquer le fait que des fillettes d’une dizaine d’années se comportent en entremetteuses terroristes dont le seul but est de restaurer l’ordre familial. Les sœurs de « banc » vont, ainsi, permuter, permettant à celle qui appartient au papa de connaître sa maman, vice versa, et au spectateur de découvrir quelques cartes postales de Londres ou encore d’admirer les soleils couchants sur la vigne californienne. Hallie et Annie, toutes deux interprétées par la même actrice (Lindsay Lohan), emploieront, ensuite, tous les moyens pour que leurs parents se retrouvent. Bien évidemment, au bout de deux très longues heures, la petite famille sera à nouveau réunie. Qu’un film produit par Walt Disney, connu pour sa défense des valeurs familiales, soit porté par des « parents » dont le comportement est digne d’une inspection de la DASS, est bien le seul élément surprenant de cette comédie poussive qui ne mérite aucunement le détour.