Dernier rejeton d’Europa corp., la société de production de Luc Besson, Wasabi reprend le schéma inverse du Baiser du dragon : après le flic chinois envoyé en mission à Paris, voici le franchouillard inspecteur Hubert (J.Reno) qui débarque à Tokyo. Mais, cette fois-ci, le film tente surtout de renouer avec la tradition des comédies d’action françaises dont Francis Veber fut l’un des chantres dans les années 80 avec le duo Gérard Depardieu-Pierre Richard (La Chèvre, Les Compères). On retrouve donc Jean Reno dans le rôle du grand costaud qui, comme Gégé en son temps, distribue les coups de poings sans jamais vraiment parvenir à se contrôler, tandis que son acolyte (M. Mulller), plus faible et plus couard, est relégué au statut de faire valoir. En producteur avisé, Luc Besson (qui a signé le scénario et choisi les acteurs…) modernise quand même le genre en rajoutant à l’intrigue une lolita nippone surexcitée bien tendance. Résultat : une pochade à l’esprit moins rance que la série des Taxi (avec ses « Niaks » et autres « Con-nichon-aaah ») qui exploite assez efficacement sa transplantation au Japon.
Comme pour les autres produits estampillés Besson, Wasabi fait étalage de son manque d’ambition avec un scénario très série B qui cumule allègrement les invraisemblances. En gros, l’inspecteur Hubert part au Japon pour recevoir l’héritage d’une femme qu’il a follement aimé et qui était en fait un agent double infiltré chez les yakusas. Il apprend alors qu’il est le père d’une jeune fille de 19 ans à laquelle sa mère a légué 200 millions de dollars que lesdits yakusas sont bien décidés à récupérer. Plus que sur ses scènes d’action, assez grossières et souvent vite liquidées, Wasabi mise sur l’interaction comique entre ses interprètes. Face à un Jean Reno impassible frôlant l’autisme, c’est surtout la gouaille de Michel Muller, tordant, et l’énergie de Ryoko Hirosue qui dynamisent le film et nous maintiennent en éveil. C’est peu mais déjà suffisant pour rendre un tant soit peu sympathique l’énième navet de l’écurie Besson.