Zonzon est le deuxième film de Laurent Bounhik, qui tente de revenir en force après son démoralisant Select Hotel. On peut dire quelque part qu’il y a ici une certaine évolution, puisque le réalisateur passe d’un premier film avec une sombre histoire sans queue ni tête et incompréhensible -n’étant au final qu’une piètre excuse pour faire défiler une longue série d’images toutes plus indécentes les unes que les autres- à un second film porté par un récit beaucoup plus simple et cohérent mais malheureusement sans aucun intérêt, et tout aussi ponctué d’images bien choquantes.
Zonzon se déroule dans un centre pénitencier et nous offre à voir des taulards qui se tapent dessus ou qui s’enculent à leurs heures perdues. Au milieu de tout ça se trouve un petit bonhomme, joué par Djamel de Nulle Part Ailleurs, qui sort des vannes moyennement drôles à tout bout de chant, et qui devient vite insupportable. Le fait de voir cet acteur se réfugier derrière son personnage de télévision d’un bout à l’autre du film est une des barrières, parmi tant d’autres, empêchant tout spectateur de rentrer dans le film. Impossible de prendre au sérieux une seule seconde l’ambiance maussade de cette prison alors qu’un gars en plein milieu est en train de nous refaire ses sketches de télé…
Mis à part cette énorme faute de goût, Zonzon raconte l’histoire de deux prisonniers enfermés dans la même cellule : un jeune con s’étant fait utiliser par ses potes pour du trafic de haschisch et un vieux de la vieille qui en a pris pour largement plus qu’il ne le méritait pour protéger un collègue de coups foireux.
Une fois le scénario posé, c’est parti pour deux heures d’homosexualité latente dans les douches, de mec virils et tatoués qui se prennent des coups sur la face et d’autres se faisant enfourcher. C’est long, pénible et déprimant. Cette vulgaire tentative de réflexion sur l’enfermement arrive avec beaucoup de difficultés à la cheville du Ghosts.of the civil dead de John Hillcoat, qui montre l’emprisonnement brut, opposé à une liberté dont on a oublié la forme au fil du temps. Bounhik lui, essaime maladroitement les séquences de rêves (avec une Elodie Bouchez dans une de ses interprétations les plus ridicules) ou de flash-backs qui ne mènent nulle part, comme pour remettre à niveau la balance trop chargée de sang, foutre et sueur…
Bounhik a gardé les ingrédients de base de son premier film : des images qui dérangent mais qui ne font pas réfléchir… Il faudrait sérieusement qu’il songe à arrêter d’imiter Ferrara, car il n’a apparemment rien compris à l’essence des films de celui-ci.