Tandis que le cinéma d’horreur US a sérieusement tendance à s’essouffler, Les Vampires du désert apparaît comme une alternative sympa aux superproductions hollywoodiennes, une série B divertissante et pêchue. Sans prétendre renouveler le genre, ce huitième long métrage de l’inconnu J.S. Cardone s’inscrit dans la droite lignée de Near dark, autre récit de vampires jeunes et modernes filmé en 1987 par une Kathryn Bigelow alors débutante. Plus glamour que leurs prédécesseurs, ces nouvelles créatures de la nuit se distinguent par leur plastique irréprochable et une fâcheuse tendance à la dramatisation. Pas drôles pour deux sous, nos mannequins atrabilaires se répartissent en deux clans antagonistes : les vampires purs et durs (violents et sanguinaires) et ceux en devenir qui luttent contre leur virus avec pour seule échappatoire la destruction des monstres à l’origine de leur mal.
Tourné dans le désert de l’Arizona, la photo bénéficie de cette plus-value qui confère au film une certaine densité plastique : vastes espaces bleu-nuit arpentés par les vampires tueurs, tandis que leurs poursuivants errent de jour sous un soleil écrasant. Manque seulement à cet ensemble aussi froid que sensuel une véritable dimension charnelle, une histoire d’amour condamné qui aurait plongé Les Vampires du désert dans des abîmes de mystère, vers un érotisme désespéré qui lui fait cruellement défaut. Si l’on devine quelques attirances velléitaires (hétéros comme homos) et une baise sauvage en voiture (du côté des méchants, davantage branchés cul), les étreintes et les baisers font étonnamment figure de grands absents, à l’instar d’un scénario digne de ce nom. Question action, par contre, Cardone ne manque pas de panache, ponctuant la plupart de ses séquences chocs d’un montage clippesque et tapageur plutôt efficace. Poses Calvin Klein avant décapitations, débardeurs moulants sur fond de carnages hard rock : pas de doute, la formule « gueules d’anges + frénésie gore » a encore de beaux jours devant elle…