Tout commence par un agaçant préambule en DV, histoire que Johannes Runeborg introduise ses personnages sous un emballage « garant de modernité ». Ulrik (Ralph Carlsson), la quarantaine bien tassée, filme ainsi sa famille et le couple d’amis qui leur a rendu visite. Caméra mal maîtrisée et cadre tremblant accompagnent une série d’actions a priori anodines, qui, bien plus tard, vont pourtant révéler quelques indices perturbateurs et déclencheurs de fiction. Une intrigue qui démarre véritablement lorsque Ulrik se réveille un matin dans le lit conjugal ensanglanté, constatant avec effroi que sa femme et ses deux enfants ont disparu. Somnambule notoire, notre architecte commence à culpabiliser et se lance dans une enquête personnelle, en quête de vérité et, surtout, de son propre refoulé.
Après un début on ne peut plus laborieux aux allures de téléfilm sans ambition, Sleepwalker parvient tant bien que mal à installer son petit suspense. Plongé dans une ambiance claustrophobique à base de nuit, de paranoïa, et de paysages uniformément gris, le spectateur suit avec un intérêt croissant les dérives pathologiques d’Ulrik, antihéros bedonnant pas foncièrement sympathique. Le tour de force du film tient en fait à l’invention d’un dispositif : afin de comprendre où le mènent ses crises somnambuliques, le protagoniste s’endort avec sa caméra fixée sur l’épaule avant de visualiser, dès le lendemain, les rushes de ses déambulations. Des images saccadées, sombres et floues, qui, malgré leur confusion ostentatoire, produisent une certaine étrangeté, hélas vite estompée par le trop fréquent recours au procédé. Cinéaste incapable d’exploiter ses quelques bonnes idées, Runeborg peine également à achever son récit. Alors qu’une résolution décevante menace de clore le film, l’auteur se défile par la plus lâche des pirouettes : tombé dans le coma, Ulrik a rêvé toutes les situations vues à l’écran. Avec, à la clé, un tas de données psychanalytiques foireuses fondées sur l’inconscient du protagoniste. En choisissant cette option facile, Runeborg ne fait qu’annuler l’ensemble de ses enjeux et réduit son premier long métrage à un médiocre thriller bassement manipulateur.