Jean-Claude loves Hong Kong, qui le lui rend mal. Après avoir été dirigé par John Woo (Chasse à l’homme) et Tsui Hark (Double team, Piège à Hong Kong), le mythe belge retrouve les caméras de Ringo Lam, fort d’une première expérience (Risque maximum) avec ce petit maître du film d’action, surtout connu pour avoir signé City on fire, oeuvre culte de 1987. Replicant commence d’ailleurs sur les chapeaux de roue et nous laisse croire que Van Damme a enfin trouvé le genre de cinéma qui lui convient : un thriller poisseux et efficace où l’acteur pourrait révéler la face sombre de son jeu. Interprète de Garrotte, serial killer impulsif réglant son compte aux mères indignes (!), Jean-Claude fait merveille en pervers violent, le regard froid et impassible derrière ses lunettes de soleil orangées. Plus sérieusement, si son look laisse à désirer, le comédien fait preuve d’une étonnante sobriété qui se marie à merveille avec le style incisif de Ringo Lam, très inspiré lors du face-à-face initial entre le tueur et son ennemi juré, l’inspecteur Jake Riley (excellent Michael Rooker, aux antipodes de son rôle de maniaque dans Henry, portrait d’un serial killer). Course-poursuite hargneuse, narration sèche, caméra nerveuse : le cinéaste fait preuve d’une impeccable rigueur qui confirme sa réputation.
Après ce premier quart d’heure prometteur, le film prend une nouvelle direction, inattendue et ambitieuse, mais hélas trop risquée pour une star à la crédibilité fragile. On découvre ainsi que, dans l’espoir de coincer l’insaisissable Garrotte, le gouvernement a ordonné à son service scientifique de mettre au point un clone du meurtrier. Corps jumeau, Q.I. zéro : voici le « Replicant », doté de pouvoirs télépathiques censés mener les flics à l’ennemi public numéro un. Né d’une matrice artificielle qui lui a permis d’accélérer sa croissance, le Replicant doit apprendre à penser, à parler, et à se comporter comme un adulte de 35 ans alors qu’il n’a aucune expérience de la vie. Et, à moins que le spectateur ne bascule dans l’univers impitoyable du second degré, c’est là que les choses se gâtent : difficile en effet de ne pas se bidonner à la vision du pauvre Jean-Claude tentant de se mettre dans la peau d’un enfant chétif et inoffensif, terrifié à l’approche de découvertes existentielles telles que manger, se laver ou faire caca. Une évolution laborieuse filmée sans la moindre intention parodique par un Ringo Lam consciencieux mais dépassé par le ridicule figuratif produit par sa vedette. La suite paraît alors comme enrayée par ce débordement S.F. dont l’incongruité ne mène même pas au délire escompté. De la confrontation entre le gentil et le méchant Jean-Claude à l’amitié du flic pour le Replicant en passant par l’assassinat programmé de la vilaine maman de Garrotte, chaque situation est traitée de façon uniformément bâtarde. Trop fade pour être pleinement drôle et pas assez habile pour forcer le respect, Replicant déçoit en tous points.