On ne reviendra pas trop sur cette formidable série d’OAV des studios Gainax, puisqu’on lui avait déjà consacrée un article lors de la sortie des DVD japonais. Anime au titre protéiforme (« FLCL », « Furi kuri », « Fuli culi », « Fooly cooly ») et aux intentions obscures -auto-parodie gratuite ou énième réflexion masquée sur les affres de l’adolescence-, FLCL fascine de toutes façons avant tout par sa forme, sa réalisation hystérique et ultra-référentielle. Trop courte (6 épisodes au total) pour prétendre au même degré de profondeur qu’un Evangelion, la série se déguste comme un bonbon pour otaku suffisamment matures pour apprécier sa distanciation. On est indubitablement sur le terrain de l’anecdotique, voire du formalisme pur et dur, ce qui en agacera sans doute certains -on se rappelle encore du papier assassin dans Libé lors de la diffusion du premier épisode sur le câble. FLCL est presque plus une expérience design qu’une série proprement dite, une recherche formelle qui bouffe à tous les rateliers : animation classique, numérique, prises de vue live, planches manga fixes, etc. Gainax n’hésitant pas à accumuler ses propres gimmicks thématiques -relations père-fils, peur de la sexualité- de manière totalement arbitraire, pour les réduire à de simples déclinaisons formelles. FLCL est trop malpoli, trop déjanté, trop hypesque pour pouvoir espérer rester dans les annales de la japanim’. Mais c’est sans doute une des plus belles entreprises d’auto-sabotage ludique de l’histoire de l’animation japonaise après la fin scandaleuse d’Evangelion.
Mais FLCL était aussi un bel objet numérique dans son édition nippone : 1 épisode par DVD, packaging ultra-design, menus sobres. Evidemment, l’Europe étant franchement étrangère à la politique éditoriale de l’OAV, on savait pertinemment que l’édition française ne pousserait pas le luxe aussi loin. Dybex a coupé la poire en deux : 3 DVDs de 2 épisodes chacun. Sans aucun véritable supplément pour faire passer la pilule. C’est un peu borderline mais le travail effectué est franchement honorable. Le magnifique design de la jaquette japonaise est conservé, mais c’était déjà le cas de l’édition zone 1 qui a manifestement servi de base pour l’édition zone 2, les bonus en moins malheureusement. Il suffit de constater l’anglicisation dans l’anime des enseignes et pancartes japonaises, ce qui est forcément regrettable d’un pur point de vue esthétique. Les menus, quant à eux, sont totalement originaux -style BD-, mais respectent l’esprit de la série. Bonne qualité d’image et du son, à peine inférieure à celle du DVD japonais original. La seule aberration de cette édition reste la VF. Les sous-titres ont déjà parfois du mal à retranscrire les jeux de mots, allitérations, et références des dialogues japonais, quitte à éluder ce qui peut paraître intraduisible, mais en VF, c’est catastrophique : le jeu des acteurs est trop mou, il semble que les doubleurs n’aient strictement rien compris à ce qu’ils racontent. Vu le public ciblé par la série, soit les amateurs de japanim’, on se demande franchement si une VF était nécessaire.