En attendant que sorte Star wars–The Phantom menace, de loin le film le plus attendu de l’année, le concepteur de jeux vidéo Chris Roberts a cherché à tirer profit de l’impatience de milliers d’adolescents fébriles, en adaptant à l’écran son propre jeu, le fameux Wing commander. Résultat : une sorte de petit plagiat pas méchant, médiocre à en pouffer, et bien trop bâclé pour espérer faire de l’ombre à l’empire Lucas. On retrouve grossièrement, dans le script de Wing commander, les points forts de La Guerre des étoiles, à savoir : 1) la résistance de valeureux héros lors de batailles spatiales tonitruantes ; 2) la coexistence de la technologie et de la magie, soit le principe d’une modernité absolue unifiant la science à la spiritualité. Par ailleurs, Wing commander défend tant bien que mal ses propres spécificités : le combat n’a pas lieu « dans une galaxie lointaine », mais en l’an 2654 de notre calendrier, et oppose l’entière confédération terrienne à l’armada des Kilrathi, sortes d’humanoïdes à têtes de lions lamentablement animés. Quant à la figure du Jedi, Chris Roberts l’a troquée contre celle du « Pèlerin », nom donné aux adeptes de la religion fondée par les premiers colons humains envoyés dans l’espace, connus et redoutés pour avoir développé au fil des siècles une empathie surnaturelle avec l’univers.
Mais là où Lucas est parvenu à instaurer les bases d’un univers riche et solidement structuré, tantôt drôle, tantôt inquiétant, Chris Roberts n’a abouti qu’à un vulgaire shoot’em-up cinématographique, une espèce de Top Gun galactique dans lequel de fatigants GI’s du futur s’éclatent à tuer, façon After burner, en vantant systématiquement la taille de leurs testicules. L’histoire, rapidement échafaudée, n’est qu’un triste prétexte à une gigantesque partie de massacre, servie qui plus est par des effets spéciaux vétustes. Une fois la chair ennemie entièrement carbonisée, Chris Roberts ne sait plus comment conclure. En désespoir de cause, il clôt son film sur l’étreinte passionnée d’un couple de soldats. La guerre est finie, l’amour renaît, le film est sans intérêt. Game over.