American girls est un sommet du teen movie, ce genre un peu bâtard qui célèbre mieux que tout autre la futilité du monde en général et de la société US en particulier. Il y est question de cheerleading, terme abscons pour nous autres Français mais qui, au pays de Britney Spears, désigne une cohorte de jeunes Musclor et de bimbos en shorts moulants se livrant à moult acrobaties afin de soutenir les équipes de football américain. Bref, le pom-pom girlisme érigé en sport national, avec les inévitables tournois et championnats qui en découlent. Stars de la discipline depuis de nombreuses années, les Toros filent pourtant du mauvais coton : ils découvrent en effet que leurs numéros ont été pompés aux Clovers, équipe de blacks issus des quartiers défavorisés et adversaires des plus sérieux. Menés par la pétulante Torrance (Kirsten Dunst, l’inoubliable héroïne de Virgin suicides), les Toros ne manquent toutefois pas d’imagination pour conserver leur titre…
La structure d’American girls rappelle celle des films concentrés sur les exploits athlétiques et compétitions diverses. Sauf que le spectaculaire se voit ici doublé d’un humour réjouissant, à mi-chemin entre ironie cinglante (vive les chorégraphies ringardes et les devises débiles !) et gags supra-efficaces (rien de plus drôle qu’une pouffiasse se rétamant après un salto arrière). Mais le tour de force de ce premier film à l’énergie jouissive réside aussi dans sa capacité à transformer un sport a priori méprisable en havre de beauté. Si les premiers enchaînements prêtent à rire, nos héros, toujours plus agiles et gracieux, finissent par nous offrir un final impressionnant, où l’espace s’apparente à un champ de pure virtuosité, dédié aux mouvements impeccables et à la frénésie du rythme. Au cœur d’un univers très actuel, American girls retrouve cette magie propre aux vieilles comédies musicales, aux spectacles à la Busby Berkeley, signes inimitables d’un perfectionnisme hollywoodien qui ne cessera jamais de nous fasciner.