Que Robert de Niro se fourvoie dans les plus gras navets produits par Hollywood ces derniers temps ne surprend désormais plus personne. Après avoir tenu quelques uns de ses plus beaux rôles chez Scorsese, Coppola et Leone dans les années 70-80, l’acteur préfère aujourd’hui le ronron d’une carrière plan-plan se contentant de tenir le haut de l’affiche de blockbusters aussi creux que vains. Après avoir interprété un beau-père peu commode dans Mon beau-père et moi, Robert De Niro incarne un officier menaçant dans Les Chemins de la dignité, biographie édifiante du premier scaphandrier noir à intégrer la Navy. Comme d’habitude, De Niro se contente de jouer les durs de service, usant de son physique peu avenant et de ses fameux « motherfuckers » jusqu’à ne plus être que la caricature de son personnage, le cliché de lui-même.
Pourtant, le comédien italo-américain n’est pas vraiment le héros de ce film qui évoque le chemin de croix de Carl Brashear (Cuba Gooding, jr.) pour réaliser son rêve dans une Amérique qui vient à peine d’abolir le ségrégationnisme. Les Chemins de la dignité serait ainsi à ranger dans la même catégorie que le récent Le Plus beau des combats. Même sujet -l’élévation sociale d’un noir- et même tendance à la glorification du personnage principal. Que l’entraîneur du film de Boaz Yakin et le plongeur des Chemins de la dignité soient des héros de la cause afro-américaine, on n’en doute pas. Ils auraient ainsi mérité mieux que ces « marshmallows » patriotiques sans nuances juste bons à illustrer platement les carrières mythiques d’hommes d’exception. Rien ne nous sera donc épargné pour rendre encore plus exemplaire le parcours de Carl Brashear. Issu d’une famille de paysans, celui-ci doit se battre pour gagner sa place dans l’école de plongeon de la Navy qu’il intègre après deux ans de demandes et des centaines de lettres. Confronté au racisme ambiant et à l’intolérance du major plongeur Billy Sunday (De Niro), Brashear devient par la seule force de sa volonté un scaphandrier reconnu et respecté de ses pairs. A force de multiplier à outrance les obstacles sur la route de Brashear, Les Chemins de la dignité tourne presque à la farce, le comble pour ce film qui se voudrait la chronique magnifiée d’une vie remarquable.