Pour une fois, le titre français donne une idée très juste de ce qu’est cette sortie américaine : une bluette assez insipide, convenue et sans âme. Un Amour infini annonce la couleur, là où Bounce, titre original intraduisible, trompait sur la marchandise. Car enfin, soyons sérieux, rien ne rebondit vraiment ici. Au contraire, tout est arrimé, retenu par les pesanteurs de la standardisation hollywoodienne. Du cinéma tellement obsédé par l’idée de conforter le spectateur qu’il en devient timoré, menotté.
Premier écueil, le scénariste n’a pas su quel film écrire : Un Amour infini mélange les situations, croise les thématiques (pêle-mêle le deuil, la fatalité, le cynisme et l’hypocrisie publicitaires, la tabagie et l’alcoolisme…) sans jamais parvenir à lier les bouts, ne sachant visiblement quoi dire, quoi montrer. La mise en scène est à l’avenant (d’ailleurs, le scénariste et le réalisateur ne font qu’un), impersonnelle et inconsistante : du plan-plan tristounet, ni vraiment honteux (on appréciera une certaine pudeur dans la séquence où Abby -Gwyneth Paltrow- apprend la mort de son mari), ni émouvant. Rien en tout cas qui permette de pallier la triste confusion du script.
Ajoutons à cela un duo de comédiens en médiocre forme, surtout la petite Gwyneth, décidément un peu fade (Ben Affleck souffre pour sa part d’un personnage assez piteux), des seconds rôles caricaturaux ou inexistants (l’assistant homosexuel, les enfants boudeurs…), une musique gommeuse, et l’on aura compris qu’Un Amour infini est un ratage presque complet, un produit industriel mal fabriqué, mal fagoté. Un mélo qui prend l’eau, sans capitaine au gouvernail, sans équipe de secours et sans canot de sauvetage. Tout juste pourra-t-on apprécier un générique plutôt réussi, assez graphique, où des bulles se cognent aux quatre coins de l’écran avant de former les « O » de BOUNCE, PALTROW, ROOS, etc. Maigre consolation tout de même !