L’enrobage était pourtant appétissant. Une démo dévoilée en grande pompe lors du dernier Milia avait créé l’événement et augurait un hit interplanétaire en devenir, une simulation de course si parfaite que le grand Geoff Crammond, génial concepteur de la série des Grand Prix n’aurait plus qu’à retourner jouer au petites voitures dans le premier bac à sable venu. Le buzz continuait allégrement de saturer les téléscripteurs annonçant une version finale digne des plus grandes espérances de hardcore-gamers avertis. Ici et là, on apprenait avec délectation que les concepteurs, non contents de posséder la licence officielle pour utiliser les véritables noms des pilotes, s’étaient baladés aux quatre coins du globe afin de modéliser au millimètre près les célèbres circuits. Soit des moyens gigantesques pour un jeu hors normes.
L’ambition de taille qui veut que chaque fait réel se retrouve fidèlement retranscrit place F1 Racing championship bien au-dessus de ses concurrents. Reconnaissons-le, même si le joueur a parfois l’impression de se perdre dans une multitude de paramètres dont l’étrange alchimie lui sera à jamais cachée (allez comprendre par exemple le réglage subtil des courbes de la carrosserie et leurs influences sur l’aérodynamisme global du bolide), le nombre de possibilités offertes est tout bonnement jubilatoire. A proprement parler, le joueur peut tout régler, des éléments les plus basiques (nature des pneus) aux caractéristiques plus complexes (aérodynamisme, ailerons, etc.) en passant par les exercices habituels de décoration de son véhicule fétiche. Même degré de détails pour la piste et le décor qui parfaitement modélisés donnent une impression de photo réalisme bluffante. Le premier contact avec l’asphalte, pied écrasé sur l’accélérateur, est si efficace que pour un peu on s’imaginerait volontiers au volant d’une MacLaren ou d’une Ferrari. Sans rire, la gestion de la moindre aspérité du circuit est si poussée qu’au moindre virage un tant soit peu mal négocié, vous mangez le gazon.
Malgré toutes ses qualités qui le classe haut la main au-dessus du lot, F1 Racing championship est parfois victime de sa propre ambition. A trop vouloir copier-coller le réel, le soft est en contrepartie excessivement gourmand en ressources. Il va falloir penser à réactualiser sa config pour profiter d’une fluidité acceptable et apprécier à sa juste valeur toute la puissance du titre -optez donc pour un watercooling device, sorte de réfrigérateur à placer dans la tour qui permet de doubler la puissance d’un PIII 1 Ghz par exemple…
En dehors de ces quelques considérations matérielles, le jeu s’avère relativement décevant question intelligence artificielle. Les compétiteurs ont effectivement une fâcheuse tendance à vous emboutir par-devant ou par-derrière si vous, pauvre humain, ne parvenez pas à négocier correctement la trajectoire idéale. Résultat : les carambolages s’enchaînent à une vitesse prodigieuse, transformant le circuit en un gigantesque champ de bataille, le temps d’un feu d’artifice de pneu. Autre problème récurrent, moins gênant tout de même : les bolides adverses se laissent aisément dépasser. Certes, dans certains modes ils font preuve d’une hargne plus marquée à jouer au chat et à la souris, mais leur gentillesse à votre égard finit par lasser, tant passer de la dernière à la première place s’avère au final chose facile. Reste à savoir si les nombreux patches prévus par l’éditeur suffiront à régler ces petits défauts et à transformer F1 Racing championship en ce classique incontournable de la simulation automobile attendu. Affaire à suivre.