Si les premières minutes bêtifiantes de Stuart Little se digèrent tout doucement à mesure que celui-ci multiplie les œillades racoleuses vers sa cible enfantine, on ne se remet pas complètement du malaise initial ressenti devant une telle incongruité. Il faut pour adhérer, ou du moins entrer dans le film, abandonner toute raison et même un peu plus, sinon c’est le paillasson. La famille Little (admirons la finesse de la référence !) décide un beau matin d’adopter un enfant qui tiendra compagnie à leur petit garçon, George. Avec une facilité déconcertante, les parents Little se rendent dans un orphelinat, comme un vulgaire couple d’Américains au supermarché, pour faire leur choix parmi les aaaadôrables bambins qui attendent preneurs. Contre toute attente, les Little sont émus par une souris, nommée Stuart, qui se comporte comme un véritable petit être humain. La preuve, elle a même des Converse aux pieds !
Ensuite, le film cheminera tranquillement vers les thèmes attendus et les beaux discours qui composent généralement les œuvres pour enfants. On y apprendra entre autres par le biais de Stuart Little à accepter la différence et détester la violence. Le problème n’est pas tant ce discours, volontairement accessible aux tout-petits, que la manière dont il est présenté. Le personnage de Stuart est un paradoxe en lui-même. Humanisé à l’extrême jusqu’à la modification physique (la position sur deux pattes de l’animal, et ses dents complètement refaites de manière à gommer son appartenance à la race des rongeurs), il n’est plus souris, mais créature anthropomorphique, exploit numérique. A Hollywood, on a le droit d’être différent, mais pas trop…
Pour le reste, Stuart Little ravira sans nul doute les enfants car cette mièvre histoire comporte quelques éléments qui créent un tant soi peu le suspens : la course de bateaux, les faux parents de Stuart et surtout les chats ennemis. La seule contrepartie amusante à cet univers rose bonbon repose sur cette bande de chats de gouttière, voyous des rues qui veulent la peau de la souris pour faire un pique-nique dans le parc. Mais tout ça reste dans les limites du convenable et « tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes »…