Au travers d’une histoire qui se situe dans un quartier fictif du Beyrouth actuel, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige tentent de nous raconter le Liban d’après guerre. Au lendemain du conflit, le pays est défiguré. Les bombardements ont obligé plusieurs personnes à quitter leur domicile et à trouver de nouveaux logements qu’ils ont investi « illégalement ». Autour de la maison rose retrace l’histoire d’une famille nombreuse, soudainement expulsée par le véritable propriétaire de la maison qu’ils occupent depuis plus d’une dizaine d’années. Durant les dix jours qu’ils leur restent pour vider les lieux, deux camps distincts se forment au sein de cette famille, puis parmi les habitants du quartier qui prennent progressivement parti… L’un se refuse à quitter les lieux et tous les souvenirs qui y sont rattachés, l’autre est au contraire attiré par les aides financières offertes par l’Etat, ainsi que par la modernité qu’entraînera la rénovation du quartier…
Dans leur souci de nous représenter les séquelles d’un pays à peine remis de ses blessures, les deux réalisateurs d’Autour de la maison rose n’ont pas eu peur de tomber dans la caricature. Après quelques brèves scènes d’introduction assez simplistes qui nous présentent mièvrement les personnages du film (uniquement dans le but de créer chez le spectateur un banal processus d’identification), Hadjithomas et Joreige s’embourbent très vite dans un mélo d’une niaiserie à toute épreuve. Dès l’arrivée du véritable propriétaire de la maison rose venu signifier aux locataires de vider les lieux, la banalité du scénario crève les yeux : le grand méchant loup capitaliste veut détruire un havre de paix pour construire un centre commercial… Les premières réactions des protagonistes nous sont alors exhibées sur fond de musique poignante, en un long et lent travelling sur leurs visages désespérés ou révoltés. Cette tentative assez basse, pour faire naître une larme à l’œil du spectateur le plus naïf, reflète assez bien la démarche des réalisateurs qui, tout le long du film, tentent de se mettre le public dans la poche… A cet excès de démagogie dégoulinante, s’ajoutent des acteurs qui surjouent leurs rôles déjà caricaturaux et un style de réalisation (sans imagination, raccords ou enchaînements logiques) identique à celui de n’importe quel mauvais téléfilm. Tout ça ne rend vraiment pas la chose agréable à regarder. Irritante même.
Les excellentes et sincères intentions des réalisateurs d’Autour de la maison rose (dénonciation notamment d’un système favorisant impitoyablement le profit contre l’intérêt de l’être humain) se perdent au fil d’un film qui, au bout du compte, est un désastre.