Amateurs de films gore ou porno, passez votre chemin ! Le mot trash, ici, n’est pas censé évoquer la subversion mais plutôt une façon de faire du cinéma hors des sentiers battus : 16 mm, moyens réduits à la portion congrue, quasi-absence de narration. Beau discours, en effet. Mais piètres résultats. Car au sein de ce florilège de dix courts métrages produits par Lardux Films, rien ne retient l’attention.
Les tendances sont pourtant variées. D’un côté, le film-gag, comme Duvetman ou Meurtre d’un Broutemécouilles chinois (le titre le plus con jamais donné à une oeuvre), tous deux réalisés par les bien nommés United Blaireaux. Prenez une caméra, une bande de potes, un gros joint, et c’est l’éclate assurée : les pires idées peuvent prendre forme. Et quelle forme ? Pour l’essentiel, de l’image par image, ce qui produit à l’écran un effet accéléré vite lassant et surtout très vain, étant donné la teneur du propos. Ok, nos Blaireaux ne sont sans doute pas là pour se prendre la tête, mais même dans le cadre de l’humour déjanté, un minimum de rigueur ou d’imagination est requis. Or, on a droit en tout et pour tout à une poignée de personnages qui gueulent, pètent les plombs, se cassent la gueule et se tirent dessus. Inutile de dire que les notions de burlesque et de montage mériteraient d’être sérieusement révisées par nos mariols. Leurs deux films n’ont beau durer que six minutes en moyenne, c’est amplement suffisant pour qu’on se fasse chier.
Le reste du programme se prend davantage au sérieux, ce qui est peut-être encore pire. Ca s’appelle Notes sur les Lumières ou Visions panaméennes (plus crâneur tu meurs…), c’est signé Stéphane Elmadjian et ça se la joue film-poème, impressions de voyage sur pellicule, déambulation urbaine… Mais tout le monde n’est pas Mekas ou Brakhage, et les mauvais cinéastes expérimentaux, ça existe aussi. La preuve avec ces images insignifiantes, sans invention ni émotion. On attend donc la sortie en salles d’essais dignes de ce nom, et dont la conception du cinéma ne se limiterait pas à un collage d’amateurs peu inspirés.