Après Mission Impossible, Le Saint et autre Batman voilà que de nouveau le petit écran vient au secours de son aîné. Et cette fois c’est la plus célèbre série de perfide Albinos qui en fait les frais. Devant le problème de l’adaptation, les scénaristes sont confrontés au choix : coller au plus près la série ou créer une intrigue originale en ne gardant que certains éléments constitutifs (c’était le cas de Mission impossible). Les scénaristes de Chapeau melon et bottes de cuir ont eux choisi la première option et l’intrigue se retrouve du coup être un mix de quatre ou cinq épisodes de la série. Résultat : le film ne ressemble pas à grand chose.
Le tout pêche bien par une trop grande volonté de fidélité à l’original. En cherchant celle-ci dans quasiment chaques plans, à travers des décors ultra-stylisés, des cadrages typiques, des espaces désertiques, la mise en scène se refuse une nécessaire fluidité et un rythme adapté à un film d’action. D’autre part, la volonté de palier à ce manque, donne naissance à des scènes qui lorgnent vers d’autres films d’action : l’armurier de Steed, au début du film, qui n’existe pas dans la série, fait étrangement penser au Mr Q des James Bond, la scène d’attaque par des montres mécaniques rappelle, elle, les Batmans.
Au-delà de ces manques concernant la mise en scène, c’est le casting lui-même qui paraît d’un bout à l’autre inapproprié. Un Grand-Mére maladif et craintif, un méchant incarné par un Sean Connery plus fade que jamais. Enfin du couple Peel/Steed ne survit ni l’humour ni la complicité : cherchant trop à imiter leurs modèles ils livrent une composition désincarnée et glaciale. Bref, un formidable miscasting. On comprend dès lors l’effort de promotion monstrueux fait par Warner (une vingtaine de copies sur Paris et une soixantaine sur le reste de la région parisienne) pour promouvoir le film et le rentabiliser dans les plus bref délais.