Christian a 34 ans. Christian peint des affiches et fait des portraits dans la rue. Mais le soir, très tard, Christian se donne beaucoup de bonheur dans le noir profond de sa petite chambre de bonne. Christian est musicien et ça, c’est bien.
C’est à peu près ce que nous apprend la feuille promotionnelle jointe au disque. Une pochette sobre (couché de beige), un logo technoïde aux connotations underground (un petit b-boy stylisé) et des liner-notes plus que minimales. Bref, un nouvel opus electronica.
Si l’on ne peut pas, à proprement, parler de chansons électroniques, le cas Hausmeister relève pourtant du songwriting. Sa technique de composition, subtile, alliée à une propension toute particulière à aller vers le mélodique, amène ses créations dans des territoires harmolodiques délicats -cas assez rare en electro. La surprise, comme souvent, vient bien sûr d’outre-Rhin. Après Cologne et Genf, Brême et Christian Przygodda : reprenant le précepte de la techno allemande, Hausmeister détourne les codes pompiers pour les affiner et n’en garder que l’extrême résidu. Quelques battements sourds, un jeu de batterie électronique aérien, une poignée de soufflements tout en drones et surtout une capacité étonnante à remplir l’espace musical. Et même si sa musique n’en est pas pour autant minimale, l’impression globale est celle d’un dépouillement extrême. Très humble dans la démarche, The Janitor pousse un peu plus loin les recherches entamées par un autre artiste de chez Karaoke Kalk, Donna Regina. Le temps passant, la macrostructure du disque se fait de plus en plus évidente, émergeant de l’éther dispersé. On nous dit de Christian Przygodda qu’il est un artisan de la musique électronique home-made ; un Pierre Bastien du sampler. Au-delà des référents, Hausmeister est avant tout un projet gracile qui dénote au sein des productions scintillantes et saturées actuelles, Schneider TM & KPT Michigan en tête Une délicate ritournelle obsédante qui s’insinue dans les failles de l’aménagement sonore.