Le Radeau de la Méduse est un film rare qui n’en rappelle aucun autre. Son auteur aussi. Iradj Azimi, cinéaste d’origine iranienne, a déjà réalisé trois longs métrages : Les Jours gris (1974), Utopia (1978) et Les Iles (1981). Nous ne reviendrons pas sur les multiples difficultés de production, de tournage et de distribution retardant de plusieurs années la rencontre de ce film et du public. Près de dix ans après le début du tournage, ce film vit enfin aujourd’hui sur les écrans, preuve de l’obstination d’Azimi.
Les trois premiers films du cinéaste ont connu une presse dithyrambique, mais malheureusement un accueil public plutôt froid. Ceux qui ont eu la chance de découvrir Le Radeau de la Méduse à l’occasion des rares projections privées, se sont mobilisés pour que ce film sorte. Critiques, historiens, cinéastes… ont parlé de film exceptionnel.
Le titre rappelle bien sûr le tableau de Géricault représentant une quinzaine d’hommes, survivants d’une frégate en 1816. En route pour le Sénégal, « La Méduse » est dirigée par un capitaine fantasque, autoritaire, dont l’incompétence est rapidement mise à jour par le lieutenant de marine dont les mises en garde n’éviteront pas au bateau de s’échouer en plein océan Alantique. Un radeau est alors construit sur lequel s’entassent cent cinquante passagers rapidement abandonnés par les cinq canots de sauvetage chargés de le remorquer. Commence à ce moment la deuxième partie du film sur le radeau rudimentaire, où pendant quatorze jours, les passagers vont tenter de survivre, avant d’être repérés par un bateau.
Azimi ne s’intéresse qu’à l’humain en plaçant en arrière plan ce scénario catastrophe tiré d’un fait réel. La qualité peut-être la plus remarquable de son film réside dans la synthèse réussie entre un sujet d’épopée (servi par la musique de Carl Davis), un souci méditatif, le tout dans un rythme personnel que l’on retrouve dans les trois premiers films d’Azimi. Parmi les qualités évidentes de ce film, soulignons l’audace de la distribution plaçant dans le même générique des comédiens dont les registres sont souvent perçus comme étant éloignés. Qui aurait l’idée en effet de réunir Jean Yanne, Laurent Terzieff, Daniel Mesguich, Rufus, Philippe Laudenbach ? Espérons que ce film rencontre le public qu’il mérite.