La vie quotidienne s’est depuis toujours agrémentée d’ustensiles, mais fondamentalement les besoins sont restés les mêmes : préparation de sa nourriture, soin du corps, entretien de l’espace habité, etc. Pour la rétrospective de ces Bons génies de la vie domestique que propose le Centre Pompidou, des intérieurs sont reconstitués -cuisine du début du siècle, salon orange marron style seventies, etc. Très vite l’exposition ne manque pas de susciter la curiosité de l’animal de consommation que nous sommes. Le couloir d’entrée voile littéralement des ustensiles immuables (peigne en bois, balai de bouleau, balance Roberval…). Il nous plonge immédiatement dans l’objet : sa matière, ses formes, sa fonction.
La matière s’assouplit, l’électricité donne la vie, la forme s’éveille et les couleurs l’enveloppent. Curiosités de consommation ou expressions design ? L’intitulé de la room 7 est éloquent Le Temps des objets amicaux ! Les notions de fonctionnalité et d’ergonomie ressortent. Au fil du xxe siècle on est passé de la fonctionnalité à l’objet de vie. En y regardant de plus près on se rend compte qu’il n’est plus seulement question de design. La salle dédiée au fameux Salon des arts ménagers suggère un culte à ces bons génies. Est-ce bien raisonnable ?
Au fil des salles, des répliques de brevet nous rappellent la vertigineuse complexification de ces objets, à l’image des sciences : du vieux poste à galène à la radio de table porcelaine de Thomson… Au-delà, les affiches publicitaires et les projections de réclames rappellent la démocratisation de l’objet. Le loisir apparaît progressivement entre gramophone et écran plasma. Hélas, on ne s’y retrouve pas toujours à partir des années 75/90 ; on s’attend à retrouver les objets qui ont marqué notre quotidien. On n’en trouvera qu’un ou deux. La représentativité des pièces exposées est peut-être discutable ? Normal, mais chacun d’entre eux fait figure d’avancée technologique à son époque. Le film Angèle Dust et les Machines des Serial Cleaners est ainsi criant de vérité en présentant une ménagère qui s’affaire dans son intérieur et conclut sa journée en jouant avec son AIBO (animal de compagnie robotisé créer par Sony).
Si on peut toujours critiquer une exposition (3 vidéos projetées sur un écran avec un son inaudible), globalement rien à redire. Elle préfigure bien de futures expositions sur la consommation. Alors, n’hésitez pas à aller vous rappeler l’immuable condition humaine.