Et de cinq… Plus grand-chose à ajouter finalement dès lors que l’on s’approche progressivement du dénouement de la saga de Katsuhiro Otomo… D’autant qu’on peut trouver injuste la critique tome par tome d’une œuvre de plus de deux mille pages, indiscutablement grandiose et fondatrice dans son intégralité. Mais puisqu’il faut bien achever ce qu’on a commencé, autant le répéter : on est moins convaincu par la partie post-apocalyptique d’Akira… Beaucoup trop de redites, quelques exagérations, rien de bien grave finalement, mais on pourrait se demander si Akira méritait une telle extension. A la lecture de ce 5e tome, on est forcé de répondre par l’affirmative. D’abord parce qu’après un 4e opus un peu trop démonstratif dans l’ultra-violence, Otomo revient à ce qu’il sait faire de mieux : l’expectative. Certes, on note un nouveau cataclysme, un de plus, Tetsuo creusant un gros cratère sur la lune, histoire de faire l’intéressant. Mais le pire reste évidemment à venir -on triche un peu, on a déjà compulsé Akira dans son intégralité lors de sa précédente édition. Ce 5e volume est donc relativement calme, peu violent et surtout il recentre notre intérêt sur son personnage principal.
Et contrairement à ce que le titre de l’œuvre pourrait laisser penser, on ne parle pas ici d’Akira. Akira est un « point de clivage », son gros caprice thermonucléaire scinde l’œuvre en deux parties distinctes, mais dès lors qu’il se révèle aux lecteurs et aux protagonistes, à partir de la fin du tome 2, il perd de son attrait pour ne plus apparaître que comme un pantin à la personnalité minimaliste. Le véritable « point de convergence », c’est évidemment Tetsuo, le véritable « héros » -ou plutôt devrait-on dire « antihéros »- du manga d’Otomo, à la psychologie tellement plus complexe et intrigante. D’ailleurs, osons le dire, Tetsuo est sans doute le personnage le plus fascinant de l’animation/BD japonaise. Avec, sans doute, la troublante Ayanami Rei de Neon Genesis Evangelion. Apparaissant à la fois proto-fascisant, lorsqu’il se laisse emporter par l’ivresse de ses pouvoirs surhumains, mais aussi, à quelques rares occasions, attachant et pathétique lorsqu’il manifeste ses craintes face à ses propres déchaînements psychiques et qu’il recherche un réconfort quasi maternel auprès de sa jeune servante Kaori, Tetsuo pourrait finalement passer pour une sorte d' »hyper-adolescent ». Et il n’y a pas beaucoup de pas à franchir pour voir derrière les monstrueuses métamorphoses qu’il subit à la fin du volume une vision distordue des transformations physiques du passage de l’enfance à l’âge adulte, à la fois porteuses d’espoirs de conquête et d’accomplissement mais aussi de craintes et d’envies de régression. Une thématique finalement typiquement japonaise puisqu’on la retrouvera fréquemment par la suite, que ce soit chez Hideaki Anno, ou dernièrement dans Serial experiments Lain.