Après avoir débuté aux côtés de Robert Altman en 1973, Alan Rudolph a poursuivi une dense carrière, avec une quinzaine de films à son actif. En matière de réalisation, la solide expérience qu’il a acquise durant son parcours est indiscutable. On comprend donc les ambitions qui animent son dernier long métrage. Avec Trixie, il se lance dans une vaste entreprise : remanier un genre classique, le polar. Malheureusement, il n’est pas le premier à s’être lancé dans une aventure aussi audacieuse. Et son essai, disons-le tout net, est loin de figurer parmi les plus réussis…
Trixie Zurbo, jeune femme flic sous-estimée par ses supérieurs, cumule les missions minables et rêve d’être enfin chargée d’une affaire sérieuse. Durant un congé, elle se trouve par hasard confrontée à une histoire de viol et de meurtre mettant un cause un politicien et un homme d’affaires. Cet événement pour le moins inattendu lui donnera la possibilité de mener une enquête digne de ce nom. Pour traiter ce scénario relativement banal, Alan Rudolph choisit de développer une trame humoristique autour de ses personnages : la protagoniste est une débutante très maladroite en matière d’investigation policière, ce qui provoque une série de situations imprévues et loufoques ; Trixie Zurbo est constamment handicapée par des problèmes d’élocution dont le cinéaste se sert pour créer de mauvais jeux de mots qui agacent rapidement. Rudolph renforce l’aspect comique du film en caricaturant les autres personnages : Nick Nolte incarne un politicard véreux, adepte du coït pratiqué incognito dans des lieux publics, Dermot Mulroney jouant, quant à lui, un play-boy ringard et parodique…
Plus le film défile et plus on songe aux frères Coen. Avec Fargo, eux aussi avaient entrepris d’insérer une touche comique dans le film noir. Mais leur humour était bien plus subtil que celui d’Alan Rudolph, sans parler du scénario et de la réalisation autrement plus savants. Dans Trixie, les personnages n’existent que de manière caricaturale. La bouffonnerie prend alors le pas sur l’histoire racontée, et cette dernière n’en devient que plus anecdotique.