A mi-chemin entre le « slasher movie » et le thriller claustrophobique, ce premier long métrage du Britannique Simon Hunter revisite sans grande inspiration tous les poncifs du film d’horreur. Seul effort d’imagination du cinéaste, le point de départ : un groupe de prisonniers, en transit sur un vieux rafiot, est victime d’un dangereux savant psychopathe qui parvient à échapper à ses geôliers. La troupe, accompagnée par l’équipage du bateau et une étudiante en médecine carcérale, est peu à peu décimée par l’impitoyable Leo Rook, une improbable synthèse entre Hannibal Lecter, Christopher Lee et Bela Lugosi. Un prisonnier s’improvise meneur d’hommes : un bellâtre qui aurait liquidé sa femme par inadvertance, pendant une crise d’épilepsie. Il serait donc innocent et à même de prendre les choses en main -surtout la jeune thésarde énamourée, qui ne regrette pas son expérience « sur le terrain » à la poursuite de l’homme qui est à la fois son sujet de thèse et l’assassin de sa mère (elle est à peu de choses près une hybridation de la Scully des X-Files et Sidney de Scream).
Très conscient de ses effets, roublard sans pour autant revendiquer sa médiocrité, Le Phare de l’angoisse laisse le néophyte perplexe, rassemblant ce qu’il y a de pire dans le genre : intrigue sans commentaire, protagonistes et dialogues accablants, décors et lumières approximatifs, navrants stéréotypes en guise de personnages. Les connaisseurs apprécieront avec un sourire entendu tout le sel de la chose, parant à toute critique objective en prétextant (non sans cuistrerie) les exigences du genre et la sacro-sainte immunité du « sous-produit ». Le second degré infiltre par instants cette camelote de film d’horreur, montrant seulement que le réalisateur assume mal un manque de savoir-faire qui était pourtant excusable pour un premier film. En résumé, Le Phare de l’angoisse devrait réjouir les fans les moins regardants, prêts à toutes les concessions pour une giclée d’hémoglobine ou une tranché de carotide…